Ouverture, hier, à Oran de la 9e conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité sur le continent : Faire entendre la voix de l'Afrique à l'ONU

08/12/2022 mis à jour: 06:17
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L’Algérie abrite, depuis hier et jusqu’au 9 décembre à Oran, la 9e «Conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique».  Pour la seconde année consécutive, Alger offre son hospitalité, après la 8e édition, qui s’était tenue l’an dernier, toujours dans la capitale de l’Ouest du pays, autour de la même thématique : «Soutien aux nouveaux membres africains au Conseil de sécurité des Nations unies dans le traitement des questions de la paix et de sécurité dans le continent africain». Cette rencontre multilatérale – qui regroupe des représentants des organes de l’Onu et de l’Union africaine, en rapport avec les questions stratégiques de la prévention et de la gestion des conflits, de la paix et de la sécurité en Afrique et plus largement, dans le monde, dans le cadre global de la sécurité collective – revêt un caractère particulier, cette année, au regard du contexte géopolitique que traversent les relations internationales. 

Des ministres des pays membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), des membres africains au Conseil de sécurité de l’ONU, des experts et représentants d’instances africaines, de l’ONU et de la Ligue arabe prennent part à cette 9e édition. L’objectif de cette rencontre est de parvenir à promouvoir une vision commune et partagée de l’Afrique quant à l’apport que peuvent et doivent apporter ses membres représentants le continent, au Conseil de sécurité, dans la sensibilisation de ce dernier sur les décisions et les résolutions relatives à la prévention et à la gestion des crises et des conflits au sein du continent. Il est établi que le dossier de la paix et de la sécurité en Afrique accapare une large part de l’ordre du jour du Conseil de sécurité, eu égard aux réalités politiques, économiques et sociales difficiles que vit le continent. Un cadre de coopération conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité a été signé en 2017 en vue de donner plus d’autonomie à l’Afrique pour se prendre en charge en termes de mise en œuvre des processus de paix au profit du continent. Un autre accord-cadre similaire a été signé en 2018 visant à assurer une complémentarité entre les objectifs de paix, de sécurité et de développement durable visés par le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’UA. 

L’aberration dans tout cela  est qu’avec toute cette profusion de cadres de coopération, à court, moyen et long termes, liant l’UA et l’ONU, l’Afrique en est encore à quémander un statut de membre permanent au Conseil de sécurité de l’Onu. Qui mieux que ces ambassadeurs africains auprès de cet antre des Nations unies censé être dédiées à la paix mondiale, en l'occurrence le Conseil de sécurité où se décide le sort de l’humanité, pour porter la voix de l’Afrique, ses douleurs, ses meurtrissures et ses espérances ? Et ce n’est pas faire œuvre de sectarisme que de dire que les intérêts et les préoccupations des Africains ne sauraient être mieux défendus que par les Africains eux-mêmes d’abord. Et, bien évidemment, avec le soutien et l’aide des acteurs internationaux influents qui ont, pour beaucoup, une responsabilité historique dans la situation de précarité, d’instabilité politique et sécuritaire dans laquelle se trouve le continent. 

Pour un siège permanent de l’Afrique au Conseil de sécurité 

La course aux postes au sein du très convoité Conseil de la paix et de la sécurité de l’UA auquel se livrent les Etats africains, lors des élections pour le renouvellement de son mandat, ne trouve malheureusement pas un prolongement pratique en termes de mobilisation et d’engagement politique et militant de ses représentants élus au Conseil de sécurité, où leur voix est tout inaudible. L’un des écueils majeurs qui limitent le pouvoir d’action et de décision de l’Afrique au sein des instances internationales et, principalement, au Conseil de sécurité, réside, précisément, dans la difficulté du continent à parler d’une même voix, comme on le voit lors des votes du Conseil. Le positionnement, différencié, des capitales africaines sur la crise ukrainienne, tant sur les différents projets de résolutions soumis à l’Assemblée générale de l’ONU ou bien au Conseil de sécurité montre bien que beaucoup reste à faire sur le chemin du consensus africain. Les égoïsmes nationaux étroits, l’absence de souveraineté de la décision politique liée au déficit de légitimité des dirigeants et des institutions en place, la corruption des élites, dans nombre d’Etats africains, sont autant de maux qui empêchent le continent de peser de tout son poids démographique et en richesses naturelles, dans le concert des nations. C’est cette vision nouvelle de l’efficacité de la diplomatie africaine, aussi bien à l’échelle des Etats nationaux que dans le cadre des relations inter-africaines et dans les rapports de l’Afrique au reste du monde, que l’Algérie s’évertue de promouvoir, à travers sa candidature au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2024-2025. La diplomatie algérienne entend apporter, au sein du Conseil, son engagement et son expérience au service de l’Afrique unie. Non pas seulement par le verbe et les discours, mais dans l’action et la concrétisation des principes fondateurs de la Charte de l’UA visant à faire du continent un havre de paix et de prospérité. L’Afrique a en effet trop souffert de ses conclaves, où on parle beaucoup, où des résolutions de la plus haute importance sont prises, mais qui restent, souvent, à l’état de vœux pieux. La précédente édition de la Conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique avait, d’ailleurs, opportunément bien mis le doigt sur la plaie, appelant les pays africains à «respecter les résolutions émanant de ses organes et d’œuvrer à conforter la direction africaine et le poids des institutions africaines auprès des organisations mondiales, notamment l’ONU»

Les défis auxquels est confrontée l’Afrique sont nombreux et complexes. La lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme, les maladies, les tensions et l’instabilité politique, les guerres civiles, inter-ethniques, les putschs militaires, le terrorisme, les effets dévastateurs du réchauffement climatique requièrent une prise de conscience collective de l’ensemble des Etats membres quant à la responsabilité qui incombe à chaque Etat dans la construction de l’idéal africain. Dans le nouvel ordre mondial qui se dessine, à l’ombre de la guerre en Ukraine et de ses effets destructeurs sur la paix et la sécurité dans le monde, l’Afrique se doit de négocier, au mieux, la place véritable qui est la sienne dans le concert des nations au risque d’hypothéquer l’avenir des générations futures. Certes, l’Afrique s’est dotée d’une vision prospective inscrite dans l’agenda, lointain, de 2063 d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, portée par ses propres citoyens, mais d’ici là, il y a, pour les dirigeants africains des urgences auxquelles il faudra faire face, des combats décisifs à mener, aujourd’hui, pour pouvoir se frayer une place respectable dans le monde incertain de demain.

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