«Où sont les Arabes ?»

11/09/2024 mis à jour: 02:38
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I sraël a envoyé un message plein de mépris et d’arrogance vis-à-vis des Arabes à la veille de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue du même nom. «Oui, nous continuerons à exterminer les Palestiniens jusqu’à extinction de cette race», semblait dire Tel-Aviv dans un nouveau défi en exterminant au moins plus de 40 réfugiés du camp de Khan Younès, dans le sud de Ghaza. C’est Israël lui-même qui a obligé les Palestiniens à se rendre dans cette «zone humanitaire», soi-disant pour leur sécurité : il a utilisé pour cela des bombes très puissantes au vu des cratères qu’elles ont provoqués et que Joe Biden a gracieusement offertes à l’armée israélienne en même temps qu’il balançait des sacs de farine pour les femmes et les enfants palestiniens.

Depuis le 7 octobre 2023, les Israéliens font preuve d’une barbarie inouïe, laissant supposer qu’ils se lancent dans un challenge : si les nazis ont réussi à exterminer 6 millions de juifs sans arriver à une éradication totale, eux effaceront de la surface du globe toute présence palestinienne, ou au moins réduire celle-ci à un statut qui rappelle celui des Indiens d’Amérique. 


Dans cette opération génocidaire, les Israéliens ont reçu un encouragement inattendu : l’inaction arabe. Jamais le monde arabe n’a paru tétanisé, aussi absent depuis que les Israéliens ont livré la guerre aux Palestiniens, et ce, à partir de 1948. 

Que ce soit à cette date ou en 1956, 1967, 1973, le monde arabe a réagi au moins pour sauver l’honneur, surtout qu’il n’avait pas l’équipement militaire mis à la disposition d’Israël, notamment par les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. Avec le temps, la solidarité arabe s’est érodée, laissant le champ libre à Israël pour se renforcer et neutraliser une fois pour toutes ses ennemis d’hier. Le coup de grâce est venu avec les accords d’Abraham qui ont vu certains pays arabes se mettre à genoux devant Israël. On peut comprendre à la rigueur l’Egypte qui a signé les accords de Camp David, lesquels lui ont permis au moins de récupérer le Sinaï et d’ouvrir le canal de Suez, qui contribue sensiblement à son développement économique. 

Concernant le Maroc, ce n’est pas son conflit avec le Front Polisario qui en est la cause. Durant la guerre d’Octobre 1973, il s’était vendu corps et âme à Israël. A l’époque, les Etats-Unis avaient décidé d’ouvrir un pont aérien avec Israël qui était alors au bord de la défaite dans sa guerre avec l’Egypte. Aucun pays européen n’avait accepté que les avions de l’US Army chargés d’armes survolent son territoire. Le Maroc avait joué les suppléants, même si sa sécurité devait en pâtir, surtout qu’à l’époque, les Etats-Unis possédaient trois bases militaires sur le territoire marocain. 

Il semble que depuis, il est devenu le pays de transit unique des armes à destination d’Israël. Et c’est ce Maroc qui préside le Comité Al Qods, créé par la Ligue arabe !!! 

La trahison et la compromission prennent parfois des détours inattendus. Des pays comme les Emirats arabes unis ou le Soudan sont devenus partie prenante de ces accords sans qu’on puisse comprendre les raisons de ce choix. Une chose est sûre, les pays arabes ont observé un silence honteux sur ce qui se passe à Ghaza. 

Depuis le 7 octobre, des pays et des responsables de l’Union européenne révoltés par la barbarie israélienne n’ont pas caché leur dégoût. De leur côté, l’ONU et ses organisations spécialisées (à l’exception notable de l’Unesco totalement absente) se sont engagées pour essayer de limiter les souffrances du peuple palestinien. Elles ont montré aux Arabes les voies à suivre. Elles sont restées de marbre. 

La réunion de la Ligue ne les fera pas sortir de leur léthargie volontaire et ne provoquera pas un sursaut d’honneur. Et l’on ne peut que se rappeler le cri de douleur de la célèbre chanteuse libanaise Julia Boutros : «Où sont les Arabes ? Où sont-ils ?»

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