La promenade Ibn Badis (ex- de Létang) bénéficie, ces derniers jours, d’un mini-lifting en ce sens que l’entreprise de wilaya Oran vert, maître d’ouvrage, s’adonne à une opération de décapage du sol goudronné de ce magnifique jardin pour le remplacer par du sable de carrière.
Ceci étant dit, il faut dire que cette opération se limite, dans un premier temps du moins, qu’à une seule partie du jardin, précisément la longue allée débutant à l’entrée ouest de la promenade (celle de Sidi El Houari), -où on retrouve une enfilade d’arbres Tipu-, qui va jusqu’au belvédère duquel une vue imprenable s’offre aux visiteurs sur le port de plaisance et le quartier de la Marine.
Kouider Métaïr, de l’association Bel Horizon, a participé à la réunion du 7 mai dernier en vue du lancement des travaux de décapage de ce jardin mirifique, que d’aucuns qualifient de «bijou d’Oran». De cette réunion, il a été retenu, relate-t-il : «Le bannissement du bitume non seulement dans cet espace, mais de tous les jardins d’Oran et qu’une délibération de l’APC vienne acter cette décision.»
Il dira aussi, concernant le jardin Ibn Badis, que le sable de carrière sera retenu des deux cotés de l’allée d’entrée et de mettre des pavés de même que le Bureau d’étude a prévenu l’assistance ayant pris part à la réunion que le pavé en vente actuellement est de très mauvaises qualité.
De fait, dit-il, «nous avons convenu d’un béton imprimé uniquement au milieu de l’allée sur 100 mettre seulement, en attendant d’importer s’il le faut, du pavé en granit ou en grés». On apprendra aussi, du fait que le projet soit limité à l’entrée du jardin, que «le BET complète les gardes corps endommagés ou perdus en reprenant le modèle ancien».
Pour ce qui est de l’électrification, il ressort de la réunion que son installation reste conditionnée par la garantie que le lieu soit entièrement sécurisé et cela afin d’éviter les vols de câbles.
Le vice président de l’APC d’Oran, accompagné de la commission environnemental, s’est proposé, lors de cette réunion, «d’aller vers un projet plus large prenant en compte toutes les problématiques de cette promenade unique en son genre à Oran» de même que la Direction de la culture a été invité à s’associer «puisque disposant d’une étude fin prête (nldr : de la réhabilitation de ce jardin) et cela d’autant plus que le site est classé».
L’APC, pour sa part, s’est engagé dans le suivi de ce projet, et ce après les jeux méditerranéens «avec une étude globale de tout le jardin et un budget conséquent». «Il s’agira par la suite de décaper et de bannir le bitume de tous les jardins. Il y a une prise de conscience à ce niveau sur le caractère néfaste du goudron dans un jardin», dira Kouider Métaïr.
La promenade Ibn Badis est l’un des jardins les plus emblématiques d’Oran, environnée au nord par la Méditerranée, au sud par le palais du Bey, à l’ouest par le quartier de Sidi El Houari (la rue Philipe et la Place de la République) et à l’est par l’extrémité du front de mer et le théâtre en plein air Hasni Chekroun. Il recense un nombre incroyable d’espèces végétales, notamment le Dragonnier, mais encore les Tipu et celui qu’on nomme l’arbre aux cent troncs au point que certains n’hésitent pas à le comparer à l’emblématique Jardin d’essai d’Alger.
Malheureusement, n’ayant jamais bénéficié d’une opération de réhabilitation en bonne et due forme, à mesure que les années passent, ce jardin continue à dépérir au même titre, du reste, que le quartier de Sidi El Houari qui le jouxte. Pourtant, il y à peine une décennie de cela, des concerts musicaux, des spectacles de rue et autres lectures collectives y étaient organisées en vue justement de le «ranimer» peu ou prou.
Il serait peut-être grand temps de faire renaître de ses cendres ce magnifiques espace de verdure et cela afin de permettre aux bucoliques d’aller s’enamourer dans la nature, aux couples de s’offrir des balades romantiques et aux fêtards et autres mordus de culture et sorties «underground» d’y organiser de belles soirées musicales, aussi bien le jour que la nuit.
Au final, par une réhabilitation de ce jardin dans les règles de l’art, c’est toute la ville d’Oran qui y gagnerait !