Oran : La flûtiste espagnole Maria Toro revient pour une seconde prestation

06/05/2024 mis à jour: 18:59
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Photo : D. R.

Le spectacle, donné à l’Institut Cervantès, est le résultat d’une initiative que la flûtiste espagnole avait prise lors de sa première venue à Oran l’an dernier en organisant des masters-class.

La célébration de la Journée internationale du jazz a été marquée symboliquement cette année à Oran et pour la seconde fois par la prestation donnée à l’Institut Cervantès par la flûtiste espagnole Maria Toro.

Le spectacle est le résultat d’une initiative qu’elle avait prise lors de sa première venue à Oran l’an dernier, lorsque, en marge de son spectacle pour présenter son dernier album Fume,  elle s’est donné le temps d’organiser des masters-class au profit de musiciens amateurs ou ceux comme le trompettiste Amine ayant déjà une formation et une certaine expérience de la scène.

Celui-ci est l’initiateur de la formation Covalawa avec des musiciens qui ont eu à accompagner la jazzwoman le temps d’une soirée qui a drainé un public remarquable. Elle a voulu, comme elle l’a déjà fait en Espagne au sujet du flamenco, explorer des voies nouvelles en tentant d’introduire des contenus inspirés du raï.

Le pari est à la fois facile et difficile. Difficile dans la mesure où, en ce qui concerne sa propre expérience dans son pays, d’autres instrumentistes spécialisés dans la flûte traversière, considéré jusque-là comme un instrument d’accompagnement, avaient ouvert la voix en accompagnant de grands interprètes de flamenco, chanteurs ou notamment guitaristes, y compris le célèbre et incontournable Paco De Lucia.

Ce n’est pas le cas localement où les mélodies portent encore le poids de la tradition «gasba», qui signifie d’ailleurs roseau et il faut une immersion effective et de longue haleine pour en saisir l’essence. Facile dans la mesure où le champ est relativement libre pour des improvisations multiples et c’est là où entre en considération la virtuosité.

En véritable pro ayant à son actif quelques  albums contenant ses propres compositions, Maria Toro fait preuve d’une grande modestie et d’humilité. Le spectacle est présenté en deux parties. Une première en lien avec son propre jazz mais où des espaces sont donnés aux autres musiciens pour s’exprimer et c’est le cas avec Amine, soliste de Covalawa, qui ne s’est pas contenté de mettre sa trompette en «sourdine».

Dans cette première partie du spectacle, on peut excuser le léger contretemps du guitariste assurant l’accompagnement pour avoir perdu le fil de la suite d’accords qu’il devait enchaîner malgré l’intervention du bassiste pour les lui souffler mais, dans l’ensemble, l’accompagnement a été correct.

Une seconde partie, plus captivante pour le public présent, car reconnaissant les reprises de chansons raï. Entre deux, un intermède en duo entre elle et le bassiste, un étudiant mozambicain installé à Oran.

La combinaison basse flute traversière fonctionne à merveille, une occasion pour la flûtiste espagnole de laisser exprimer tout son art en explorant notamment des techniques qu’elle n’a pas ou pas encore inclus dans ses compositions conventionnelles. En tout cas, un véritable moment de partage agrémenté par l’interprétation vocale d’un chant traditionnel en troquant sa flûte contre un tambourin. Une manière de dire, partant de la tradition, on peut aller où on veut, à condition de s’y mettre sérieusement. 
         

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