ONU : Les 5 grandes puissances s’engagent contre la dissémination des armes nucléaires

04/01/2022 mis à jour: 02:12
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Le Conseil de sécurité de l’ONU / Photo : D. R.

Avant la 10e conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP), prévue en janvier mais reportée à une date ultérieure pour cause de pandémie de Covid-19, les cinq puissances – Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France – ont tenté de rassurer l’opinion publique mondiale sur les risques d’un affrontement à l’évidence cataclysmique.

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU se sont engagés hier, sur fond de sérieuses tensions internationales, à «prévenir la poursuite de la dissémination» de l’arme suprême, affirmant qu’une guerre nucléaire ne pouvait être gagnée.

Avant la 10e conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP), prévue en janvier mais reportée à une date ultérieure pour cause de pandémie de Covid-19, les cinq puissances – Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France – ont tenté de rassurer l’opinion publique mondiale sur les risques d’un affrontement à l’évidence cataclysmique.

En pleine négociation avec l’Iran, soupçonné de vouloir se doter de la bombe atomique, ces puissances soulignent leur «volonté de travailler avec tous les Etats pour mettre en place un environnement de sécurité permettant d’accomplir davantage de progrès en matière de désarmement, avec pour objectif ultime un monde exempt d’armes nucléaires», selon un communiqué de la présidence française qui coordonne les travaux de ces pays depuis deux ans.

«Chacun d’entre nous entend maintenir et renforcer encore ses mesures nationales destinées à empêcher l’utilisation non autorisée ou non intentionnelle d’armes nucléaires», poursuit le texte, publié à une semaine d’une négociation russo-américaine à Genève sur les traités de contrôle de l’armement nucléaire et la situation à la frontière russo-ukrainienne. «Nous affirmons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée», affirment enfin les signataires, martelant que ces armes «tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre».

Ce concept d’une guerre nucléaire ingagnable avait été pour la première fois évoqué en 1985 à Genève par les chefs d’Etat russe Mikhail Gorbatchev et américain Ronald Reagan.

Mais «il n’avait jamais été repris à leur compte par le groupe des cinq», souligne Marc Finaud, expert en prolifération des armes au Centre politique de sécurité de Genève (GCSP). «Ils ont pris les devants et accepté la reprise de cette doctrine», que de nombreux pays et sociétés civiles réclament, a-t-il ajouté à l’AFP. «Il y a cette volonté de rassurer pour dire au monde que toutes ces inquiétudes sur le risque de guerre nucléaire sont infondées.»

«Anéantissement nucléaire»

De fait, les déclarations se sont multipliées ces derniers mois sur le caractère volatile de la géopolitique mondiale, entre tensions sino-américaines sur Taïwan et l’Indopacifique, bruits de bottes en Ukraine et autres crises multiples au Proche et Moyen-Orient, conséquences dévastatrices de la Covid-19.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait lui même tiré la sonnette d’alarme en décembre dans une tribune. «Compte tenu du stockage de plus de 13 000 armes nucléaires dans les arsenaux du monde entier, combien de temps notre chance peut-elle durer ?» s’interrogeait-il.

«L’anéantissement nucléaire est une épée de Damoclès : il suffirait d’un malentendu ou d’une erreur d’appréciation pour entraîner non seulement la souffrance et la mort à une échelle effroyable, mais aussi la fin de toute vie sur Terre.» Le TNP, entré en vigueur en 1970 afin d’empêcher la propagation des armes nucléaires, compte 191 Etats parties.

Les cinq signataires sont les cinq Etats juridiquement reconnus comme «dotés de l’arme nucléaire» par le traité. Trois autres pays considérés comme détenteurs de la bombe atomique – Inde, Pakistan et Israël – sont non signataires.

La Corée du Nord a pour sa part dénoncé le TNP. Ces déclarations interviennent aussi, alors que des négociations ont repris en décembre à Vienne pour relancer l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien (JCPOA), devenu moribond après le retrait des Etats-Unis en 2018.

Hier, Moscou s’est félicitée de cet accord de principe entre les cinq grands, espérant qu’il «contribuera à réduire le niveau des tensions internationales», selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté déclaré à l’agence RIA Novosti que Moscou considérait toujours comme «nécessaire» un sommet des puissances nucléaires.

La déclaration commune «contribuera à accroître la confiance mutuelle et à remplacer la concurrence entre les grandes puissances par la coordination et la coopération», a indiqué de son côté l’agence de presse officielle Chine Nouvelle, citant le vice-ministre des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu. 

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