Obsèques d’Amédée Froger : L’exacerbation de la haine anti-algérienne

01/03/2022 mis à jour: 16:00
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Les ratonnades d’Alger, 1956 est le nouvel ouvrage de Sylvie Thénault (Seuil, Paris 2022). L’historienne a enquêté sur un moment mal connu de la guerre d’indépendance : l’assassinat d’Amédée Froger, figure de proue et inspirateur des thuriféraires de l’Algérie française et de la haine anti-algérienne qui s’en est suivie. 

Président de la Fédération des maires d’Algérie, maire de Boufarik, ancien élu à l’Assemblée algérienne en 1948 qui faisait une place aux ‘‘musulmans’’, il a été président du conseil général d’Alger. Défenseur forcené des acquis coloniaux menacés par l’insurrection algérienne, il a aussi été membre actif d’un premier ‘‘Comité de salut public’’ créé en décembre 1955. 

Annonciateur d’autres structures regroupant les associations d’‘‘ultras’’ dont celle du 6 février 1956 où les membres jurent « … de mourir français sur la terre d’Algérie à jamais française »…

Dans un ouvrage richement documenté, Sylvie Thénault remonte le cours des événements et déroule le fil de l’enterrement de Froger au cours duquel des Français font montre d’une férocité extrême vis-à-vis de «musulmans», victimes d’une fureur sans nom. Cette tuerie à Alger même est un signal fort dans la guerre française à outrance, après les massacres du Constantinois d’août 1955. 

Ce qu’on peut qualifier d’ignominie urbaine met, selon l’historienne, «en présence et aux prises, directement, des Français et des Algériens que la société coloniale, en dépit de toutes les nuances apportées par des récits singuliers de coexistence, de contacts et d’échanges, place de part et d’autre d’un rapport de domination, jouant de toutes les formes d’oppression possibles, économiques, sociales, politiques, juridiques, culturelles».

Puisque les Algériens voulaient l’indépendance, fallait-il qu’ils disparaissent ? Ces ratonnades ne furent-elles pas un désir physiquement affirmé d’extermination d’un peuple algérien largement majoritaire sur son sol (plus de 8 millions) par la minorité coloniale (1 million alors) ?

 L’ouvrage de Sylvie Thénault ouvre ainsi toutes les perspective de recherches, peut-être jusqu’à l’analyse d’un comportement socio-psychanalytique délirant. 

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