Numérique en Algérie : Des acquis certains mais aussi de nombreux couacs

11/04/2022 mis à jour: 07:59
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Plus de 60% des citoyens algériens sont connectés à internet, avec une croissance de 7,3% par rapport à 2021 / Photo : D. R.

Le Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) avec ZONE-Agence Digitale ont donné leurs éclairages lors d’un webinar en faisant une lecture approfondie des chiffres présentés sur l’Algérie afin de tenter d’apporter des éléments de réponse concernant le rapport des citoyens algériens à internet.

DataReportal a annoncé, il y a quelques semaines, la publication du Global Digital Report, comprenant notamment Algeria Digital Report. Il est parmi les plus importants rapports mondiaux sur l’activité du digital, des technologies et des réseaux sociaux.

Le Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) avec ZONE-Agence Digitale ont donné leurs éclairages lors d’un webinar en faisant une lecture approfondie des chiffres présentés sur l’Algérie afin de tenter d’apporter des éléments de réponse concernant le rapport des citoyens algériens à internet, au lieu de se contenter des chiffres bruts annoncés dans le rapport.

Le but de cette initiative est de «simplifier la lecture et l’interprétation des chiffres présentés, démocratiser la culture data driven en faisant de ce rapport basé sur des chiffres concrets un référentiel de performance à suivre, analyser et tirer des insights et des enseignements concrets sur les habitudes et les usages qui se font localement d’internet et des réseaux sociaux et proposer des recommandations pour traiter les anomalies et renforcer les efforts sur les points positifs».

Plus de des 60% des citoyens algériens sont connectés à internet, avec une croissance de 7,3% par rapport à 2021.

«Il est plus que jamais temps pour les instances gouvernementales de mettre à leur disposition ces plateformes afin d’éliminer les contraintes bureaucratiques, apporter plus de transparence et d’équité dans le traitement des requêtes, simplifier et accélérer les démarches, gagner en proximité avec le citoyen», propose le rapport.

Les analyses mettent en évidence le fait qu’il «ne s’agit pas de multiplier les plateformes numériques si elles ne répondent pas aux attentes des citoyens et ne leur offrent pas une expérience adaptée à leurs usages».

27 millions d’Algériens sont connectés et dans ce cadre les pouvoirs publics et acteurs économiques doivent s’adapter à la présence massive des Algériens sur internet et leur permettre de consommer des services.

La vitesse de téléchargement fixe est de 9,78 mégabits par seconde (Mbps) – évolution de 45% – et celle du mobile est de 11,44 Mbps (évolution de 170%).

Le débit internet a été un handicap majeur pour le développement du numérique en Algérie. Jugé pendant longtemps insuffisant à la fois par le citoyen et les acteurs économiques, il devient aujourd’hui largement suffisant pour satisfaire la majorité des opérations de navigation ou de traitement sur internet, que ce soit pour les particuliers ou les professionnels.

Malgré cette ascension, un facteur fait grincer la machine : la connexion est toujours jugée trop instable et trop souvent perturbée.

Il a été mentionné que «l’accès à internet pendant des périodes spécifiques, telles que les examens, ne peut plus être justifiée compte tenu du nombre de citoyens dont le quotidien dépend de cette connexion».

On se rappelle les fortes perturbations de la connexion internet pendant les épreuves du bac qui ont provoqué un grand mécontentement parmi les utilisateurs d’internet, qui considèrent cette mesure comme une atteinte à leurs droits, affectant les institutions et les entreprises qui dépendent de l’espace virtuel dans leurs activités, comme les applications de transport et la vente à distance.

La coupure d’internet a laissé des séquelles sur l’activité commerciale et causé des pertes financières importantes à plusieurs entreprises.

Algérie Télécom avait expliqué que «la démarche mise en œuvre, qui écarte toute coupure délibérée d’internet, se limite à des restrictions sur des réseaux de partage spécifiques, et ceci seulement durant la première moitié de la durée de chaque épreuve».

Forte taxation des smartphones et du matériel informatique

Autre sujet abordé : la cherté du matériel informatique. L’acquisition du smartphone le moins cher sur le marché local coûte 35% du revenu moyen d’un Algérien.

Ce qui reste assez élevé, d’une part, en comparaison aux autres pays d’Afrique (moyenne dans les 20%), mais aussi compte tenu des paramètres socio-économiques locaux.

Il est impossible pour un parent au revenu moyen de subvenir aux besoins de son foyer tout en mettant à disposition de sa famille des smartphones. Ceci est encore plus inaccessible pour les couches défavorisées.

Cela a ralenti la transformation digitale en Algérie et constitue même un frein. En plus, l’activité des petites entreprises est touchée de plein fouet. Quand on augmente le coût, elles ne vont pas diminuer la taille du projet mais cela veut dire qu’elles vont annuler carrément certains projets faute d’avoir des budgets.

Selon le GAAN, «le développement du numérique ne peut se faire qu’à travers la démocratisation et la facilitation d’accès au matériel informatique, ordinateurs en premier lieu. Cela ne peut se faire qu’en revoyant à la baisse le système de taxation de ces matériels, notamment pour les importateurs. Ceci contribuera à alléger les prix d’acquisition pour les consommateurs finaux que sont les citoyens».

Il est à signaler l’entrée dans le top 20 des sites web les plus visités de nouveaux sites web éducatifs (ency-education.com, dzexams.com). Le nombre de pages par jour consultées sur ces sites web est égal à celui des pages par jour parcourues sur YouTube ou Instagram.

Les sites d’information ont encore la cote. Ouedkniss, Amazon et AliExpress témoignent de l’importance que donnent les Algériens aux achats en ligne.

Sur Google, il a été relevé le recours récurrent aux outils de traduction en ligne pour répondre aux nouveaux besoins quotidiens des Algériens.

Sur YouTube, c’est le divertissement (films et musiques) qui l’emporte. Au-delà de poster des commentaires, «les réseaux sociaux doivent être normalisés en tant que canal de communication officiel pour toute organisation : organes gouvernementaux, administrations, acteurs économiques et société civile».

Facebook stagne en Algérie. Twitter reste le mal-aimé avec 900 000 abonnés.

LinkedIn est adopté par 10% des internautes. Véritable phénomène mondial, TikTok continue son ascension et se positionne comme un des médias sociaux les plus populaires et les plus utilisés.

Dans le monde, TikTok est aussi consommé que Facebook, avec une moyenne de 19,6 heures par mois, venant juste après YouTube avec ses 23,7 heures par mois. Il a dépassé récemment la barre symbolique du milliard d’utilisateurs.

L’hyperconnectivité des Algériens, notamment aux réseaux sociaux, se fait massivement sur mobile, à hauteur de 98%, 2% d’Algériens se connectent via tablette et 0,03% utilisent d’autres types d’appareils connectés. 

Chiffres-clés :

  • 60 millions d’Algériens sont connectés à internet 
  • 9,78 Mégabits par seconde (Mbps) est la vitesse moyenne de la connexion internet fixe 
  • 11,44 Mbps est la vitesse moyenne de l’internet mobile 
  • 35% du revenu moyen d’un Algérien est le prix d’acquisition du smartphone le moins cher sur le marché national 
  • 103% est le taux de connectivité mobile en Algérie.
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