Nord de l’Irak : Téhéran revendique l’attaque de missiles sur Erbil

14/03/2022 mis à jour: 05:01
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Les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont revendiqué hier les tirs de missiles sur Erbil, dans le Kurdistan irakien, affirmant avoir ciblé un «centre stratégique» israélien et menaçant l’Etat hébreu de nouvelles opérations «destructrices». 

Les autorités du Kurdistan irakien (nord) avaient auparavant indiqué que «12 missiles balistiques» tirés «hors des frontières de l’Irak, et plus précisément de l’Est», avaient visé le consulat américain à Erbil, sans faire de victime. L’Irak a connu, en début d’année, une recrudescence d’attaques de roquettes ou drones armés, alors que Téhéran et plusieurs groupes alliés commémoraient le deuxième anniversaire de la mort du général iranien Qassem  Soleimani et de son   lieutenant irakien Abou Mehdi Al Mouhandis, tués par Washington dans un tir de drone sur le territoire irakien.     
 

L’Irak partage sa longue frontière orientale avec l’Iran, qui exerce chez son voisin un rôle incontournable sur le plan politique et économique. Sur leur site Sepah News, les Gardiens de la révolution islamique ont affirmé que «le centre stratégique de la conspiration et du vice des Sionistes avait été visé par de puissants missiles de pointe». 

Réagissant aux accusations de Téhéran, les autorités du Kurdistan ont ensuite déclaré dans un communiqué que le site visé était un «site civil», fustigeant «une justification visant uniquement à dissimuler ce crime». «Il s’agit d’allégations sans fondements», a assuré hier le gouverneur d’Erbil, lors d’une conférence de presse : «Il n’y a pas de sites israéliens dans cette région, il n’y a que le nouveau bâtiment du consulat américain.» Cette attaque a eu lieu près d’une semaine après la mort en Syrie de deux hauts gradés des Gardiens de la révolution, tués dans une attaque imputée à Israël. «Le régime sioniste (Israël, ndlr) paiera pour ce crime», avaient promis les Gardiens. Israël n’a pas réagi dans l’immédiat. 
 

Explosions
 

«L’Iran a ciblé la région du Kurdistan à plusieurs reprises, et l’absence de réaction de la communauté internationale est très préoccupante», ont déploré hier les autorités kurdes. Deux personnes ont été «légèrement blessées» par les tirs, selon le gouverneur d’Erbil, Oumid Khouchnaw, qui a précisé que les missiles étaient surtout tombés «sur des terrains vides». La chaîne de télévision locale Kurdistan24, dont les studios se trouvent non loin de nouveaux locaux du consulat américain, a publié des images de ses bureaux endommagés. Un porte-parole du département d’Etat américain a de son côté assuré qu’il n’y avait «ni dommage ni victime dans aucune des installations du gouvernement américain».          
 

En janvier 2020, l’Iran avait tiré 22 missiles sol-sol en Irak sur deux bases abritant des soldats américains, en représailles à l’élimination par Washington du général iranien Qassem Soleimani quelques jours plus tôt sur le territoire irakien. Fin janvier 2021, six roquettes ont été tirées sur l’aéroport international de Baghdad, sans faire de victimes. A Erbil, la dernière attaque du genre remonte à septembre, quand des «drones armés» ont visé l’aéroport. Ces tirs de roquettes ou des drones piégés qui visent les intérêts américains et les troupes de la coalition internationale antidjihadistes en Irak ne sont jamais revendiqués, mais Washington accuse des factions irakiennes   pro-Iran, qui réclament le départ des soldats américains.

 L’attaque de dimanche intervient aussi au moment où les négociations pour relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien à Vienne ont été brutalement suspendues, à la suite de nouvelles exigences de Moscou. Conclu par l’Iran d’un côté, et les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne de l’autre, ce pacte était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions qui asphyxient son économie. Mais il s’est délité en 2018 après le retrait de Washington, qui a rétabli ses mesures contre l’Iran. En réaction, Téhéran s’est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire

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