Nous entrons dans une nouvelle ère qui demande de nouvelles stratégies» : un haut conseiller de Joe Biden a détaillé hier la stratégie américaine en matière d’armes nucléaires, en insistant sur la volonté de dialogue avec la Russie et la Chine.
Les Etats-Unis sont prêts à respecter les limitations du nombre d’ogives nucléaires fixées par l’accord de non-prolifération New Start les liant avec Moscou «tant que la Russie fera de même», a dit Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. La Russie a suspendu sa participation à ce traité, le dernier accord bilatéral du genre liant les deux anciens rivaux de la guerre froide. Cet accord expire en 2026, mais les Etats-Unis sont «prêts» à discuter avec la Russie de ce qui se passera après cette date.
Toute discussion sur des engagements de non-prolifération après l’expiration du traité New Start devra toutefois prendre en compte le développement de l’arsenal chinois, a souligné Jake Sullivan. Il a assuré qu’en dépit des vives tensions entre les deux superpuissances, l’Exécutif américain était prêt à discuter «sans conditions préalables» de non-prolifération nucléaire avec la Chine, tout en notant que Pékin «n’avait pas montré de volonté» de le faire jusqu’ici. La «rivalité» ne doit pas dégénérer en «conflit», a-t-il relevé.
La Chine a décliné récemment l’invitation des Etats-Unis à une rencontre entre les ministres de la Défense des deux pays. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Chine compte un arsenal de 350 têtes nucléaires – loin derrière la Russie (4477) et les Etats-Unis (3708). Mais Pékin pourrait en avoir 1500 d’ici 2035, selon Washington. La Chine, jusqu’ici, n’a pas voulu communiquer avec les Etats-Unis sur «la taille» de son arsenal ni sur sa politique en la matière, a souligné Jake Sullivan.
Pour autant, Washington n’entend pas se lancer dans une course à l’armement, à en croire le conseiller de Joe Biden. Les Etats-Unis sont en train de «moderniser» leur arsenal nucléaire, mais n’ont «pas besoin de l’augmenter», a-t-il dit. L’objectif américain n’est pas de surpasser en nombre les ogives détenues par leurs rivaux, selon lui. En matière de dissuasion nucléaire, la stratégie de Washington n’est pas «plus, mais mieux», a assuré le conseiller.
Jake Sullivan a aussi appelé à approfondir le dialogue multilatéral entre les cinq puissances nucléaires et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies : les Etats-Unis, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, un groupe aussi connu sous le nom de «P5». Il a, par exemple, jugé qu’un système généralisé d’avertissement réciproque au sein de ce groupe sur les lancements de missiles serait du «bon sens». «C’est un petit pas qui permettrait de réduire le risque d’erreurs d’interprétation en temps de crise», a dit Jake Sullivan, qui a aussi évoqué les menaces posées par la Corée du Nord et le programme nucléaire iranien. En janvier 2022, dans une rare unanimité, les pays du «P5» avaient signé un communiqué conjoint déclarant qu’«une guerre nucléaire ne pouvait être gagnée», reprenant un constat de Moscou et Washington pendant la guerre froide.
Peu après, la Russie avait envahi l’Ukraine, et évoqué par la suite la possibilité d’utiliser l’arme nucléaire dans ce conflit.