La situation est explosive au Niger, où l’imminence d’une guerre menée par des Etats étrangers à ce pays se précise après le coup d’Etat qui a écarté le président Mohamed Bazoum. Au moment où les bruits de bottes se font entendre, il faut dire «non» à la guerre au Niger.
Ce «non à la guerre» s’appuie sur des convictions de non-ingérence étrangère dans les affaires internes d’un Etat souverain. Non à la guerre et non à l’ingérence. C’est aux Nigériens et à eux seuls de régler ce conflit. Le non à la guerre est synonyme de refus de la fatalité, quand les préparatifs de guerre et les manœuvres sonnent le glas d’une solution pacifique. La sagesse doit l’emporter sur le va-t-en guerrisme dominant.
Au croisement de tous ces aventuriers, le «non» à la guerre est certes fragile. Mais il est nécessaire. Les convoitises pour l’accès au pétrole, à l’uranium et aux autres énergies ne doivent pas mener à la guerre. Certains pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ont lancé un ultimatum d’une semaine au nouveau pouvoir militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel. Toutefois, la Cédéao est divisée.
Certains de ses membres menacent de recourir à la guerre. Face à cette menace, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, dimanche dernier, dans un stade à Niamey pour soutenir les membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, qui a pris le pouvoir. Les manifestants refusent toute ingérence dans les affaires internes de leur pays. Au Niger, les syndicats, les associations des chefs d’entreprises et la société civile rejettent à l’unisson toute ingérence étrangère. La question de la non-ingérence est un pilier fondamental du droit international inscrit dans la Charte des Nations unies.
Le principe de non-intervention édicte qu’aucun Etat n’a le droit de s’immiscer dans le règlement de les affaires relevant de la souveraineté d’un autre Etat. Les Nations unies interdisent toute utilisation de la menace ou de la force pour régler des questions politiques internes aux Etats. L’Algérie, qui partage 1000 kilomètres de frontière avec le Niger, a mis en garde contre tout recours à la guerre.
Tout en étant favorable au retour à l’ordre constitutionnel, l’Algérie s’oppose à toute velléité d’interventions militaires étrangères. L’Algérie a même proposé sa médiation pour un règlement pacifique de cette crise. Le rétablissement de l’ordre constitutionnel doit impérativement s’accomplir par des moyens pacifiques pour éviter au Niger et à toute la région du Sahel la prolifération de l’insécurité et de l’instabilité.
Le Mali et le Burkina Faso, pays voisins du Niger qui soutiennent les généraux qui ont fait le coup d’Etat, se disent prêts à défendre le Niger au cas où ce pays serait attaqué militairement par des forces étrangères. Au Nigeria, le Sénat s’est opposé à l’envoi des troupes pour faire la guerre dans un pays frère qui est le Niger. Les chefs de tribus du Nigeria ont écrit au Président de ce grand pays pour exprimer leur rejet de la guerre.
Devant ce risque d’escalade de la violence dans une région qui constitue déjà une poudrière, il faut dire non à la guerre et contester toute ingérence d’où qu’elle vienne. Le non à la guerre n’enlève en rien à la condamnation de l’ignominie du coup d’Etat qui a renversé un Président élu. Face à la crainte d’une escalade de la violence dans l’ensemble de la région, il faut opposer un refus moral et inconditionnel de la guerre. Les Africains ne doivent en aucun cas s’entre-tuer.