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02/08/2023 mis à jour: 03:07
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La violence et le lourd bilan de la série de feux de forêt meurtriers qui ont frappé certaines wilayas du pays la semaine dernière confirment, une nouvelle fois, que l’on a affaire désormais à un palier de risque supérieur à celui redouté auparavant.

 En moins de 24 heures, voire en quelques heures de cette nuit fatidique du 23 au 24 juillet dernier, le feu a tué 16 personnes sur une commune côtière de la wilaya de Béjaïa, ravagé des habitations et des exploitations agricoles et fait fuir dans la panique des estivants venus profiter des bienfaits de la mer. 

La vitesse de propagation des flammes dans un tissu végétal travaillé par une longue et sévère sécheresse et l’effet aggravant d’un vent chaud qui a fait battre des records de températures nocturnes dans la région, ont pris de court les vieux réflexes de lutte contre les incendies, dans la population et peut-être bien chez les soldats du feu. 
 

L’épisode, sinistre remake des drames vécus l’année dernière dans la wilaya d’El Tarf, et une année auparavant dans la région de Larbaa Nath Irathen dans la wilaya de Tizi Ouzou, vaut bien un bilan opérationnel détaillé et un passage en revue des enchaînements qui ont conduit au triste bilan, marquant désormais une des expériences les plus douloureuses du pays sur le registre des feux de forêt. 

C’est en principe à quoi s’est attelé l’état-major de la Protection civile avant-hier. Un regroupement des responsables des services généraux de huit wilayas, dont celles de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Jijel, El Tarf et Skikda, a eu lieu à  l’Unité nationale d’instruction et d’intervention de Dar El Beida avec pour objectif de faire une évaluation des interventions et d’en améliorer la qualité. 

La rencontre devait ainsi répondre à la question de savoir «si les moyens et le dispositif déployés lors des derniers incendies de forêt étaient à la hauteur», selon les déclarations du colonel Farouk Achour, directeur de l'information et des statistiques au niveau de la Protection civile, ajoutant que des fiches de synthèse «retour d’expérience» ont ainsi servi de base de travail aux participants. Plus qu’une question de moyens, il s’agit donc de savoir si les 8000 éléments et les 500 camions, en sus du soutien aérien assuré par des avions et des hélicoptères déployés à l’occasion, auraient pu mieux fonctionner  et réaliser  des bilans d’action plus décisif dans le cas d’interventions sur des urgences locales, comme ce fut le cas à Toudja, dans la wilaya de Béjaïa. 
 

Il est peu probable que les bilans techniques de l’action menée par les unités de la Protection civile soient accessibles au public, mais l’initiative a au moins le mérite d’exister et de chercher à améliorer l’efficience parfois contestée des plans d’intervention. Le porte-parole du corps annonce que des recommandations seront arrêtées à l’issue du regroupement, dont celles concernant la coordination avec les autres secteurs (corps de sécurité, collectivités locales, services de la santé…). 

Une coordination avec des acteurs de la société civile dans les zones les plus exposées pourrait être également envisagée, selon des modalités qui restent à mettre en place ; sur le terrain l’expérience a bien montré, ne serait-ce que ces trois dernières années où les incendies débordent sur des zones peuplées, que des citoyens se retrouvent obligés d’être aux premières lignes de la lutte contre les flammes. Ces élans de survie pourraient être mieux encadrés, pour une plus grande sécurité des volontaires et plus d’efficacité des interventions. 
 

De nombreuses pistes sont à explorer pour renforcer les défenses,  dans les zones habitées notamment, contre le danger mortel désormais des feux estivaux. La Protection civile, en interrogeant son bilan d’action sur la semaine tragique que le pays vient de subir, montre la voie. 

D’autres acteurs, institutionnels ou pas, doivent s’y mettre, d’autant que l’ampleur des enjeux dépasse de loin le champ d’action du sapeur-pompier. Les incendies ne sont plus un phénomène périphérique qui perturbe la saison des vacances, mais bien un risque majeur et une manifestation violente et structurelle du réchauffement climatique.  

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