Nadia Mohamed Khir Othman, ambassadrice du Soudan en Algérie : «Les FSR commettent des crimes de guerre»

07/11/2024 mis à jour: 02:19
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Photo : D. R.

L’ambassadrice du Soudan en Algérie, Son Excellence Nadia Mohamed Khir Othman, a, lors d’une conférence de presse tenue hier à Alger, alerté sur la détérioration généralisée de la situation humanitaire dans son pays, «entraînée par la recrudescence des violations graves commises par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR)». «La situation devient de plus en plus désastreuse au Soudan en raison des exactions méthodiques des FSR», a-t-elle affirmé, précisant que ces exactions font suite à la défection d’un haut gradé des FSR, lequel a rejoint l’armée régulière soudanaise conduite par le général Abd el Fattah el Burhan.

Il y a deux semaines, en effet, la défection d’Abou Akla Kikel, chef militaire des FSR, a conduit à de vastes exactions dans des villes et des villages à l’est de l’Etat d’Al Jazirah, d’après plusieurs médias. Après cette défection, les RSF ont «pillé, tué des civils qui résistaient et violé des femmes et des fillettes», a déclaré à la BBC Hala Al Karib, responsable de l’Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique (SIHA). L’ambassadrice du Soudan en Algérie a, également, fait savoir que les faits graves de violence commis par les FSR constituent «des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité».

Ces faits englobent, selon elle, des meurtres de civils à grande échelle, des exécutions extrajudiciaires, des cas torture, des viols, d’esclavagisme et autres violations graves des droits humains. Elle a, aussi, évoqué les récentes attaques visant les hôpitaux ainsi que des actes de pillage de biens culturels, dont celui qui a ciblé le Musée national soudanais. Exprimant son inquiétude quant aux conséquences désastreuses sur le plan humanitaire d’un conflit dont parlent de moins en moins les médias, Nadia Mohamed Khir Othman a qualifié les FSR, dirigées par Mohamad Hamdane Daglo, dit «Hemedti», de «véritables milices terroristes».

«Milices terroristes soutenues par des étrangers»

«Il s’agit de milices terroristes soutenues par des forces étrangères. Leur objectif est de réduire à néant l’Etat soudanais en détruisant les infrastructures de base et en instaurant un climat de terreur parmi les populations civiles», a-t-elle dit, appelant la communauté internationale à se mobiliser pour stopper l’acheminent des armes et l’envoi de groupes de mercenaires vers le Soudan. Selon elle, le conflit qui a éclaté en avril 2023 au Soudan a conduit près de 11 millions de personnes à s’exiler dans les pays limitrophes. Le déplacement des populations à l’intérieur du Soudan est, lui, estimé à deux millions de personnes.

Tout en évoquant les efforts menés par le Conseil souverain de transition du Soudan pour venir en aide aux populations, l’ambassadrice a révélé que les points de passage ouverts pour l’acheminent des aides humanitaires est passé récemment de 7 à 10. «Le soudan a besoin d’aides humanitaires urgentes», a-t-elle ajouté, tout en saluant «les efforts consentis par l’Algérie pour un règlement du conflit armé au Soudan». Lors de son intervention, l’ambassadrice a, par ailleurs, tenu à mettre en garde contre l’exaspération du conflit armée au Soudan et l’amplification du phénomène des «armées parallèles» dans la région. «La prolifération de milices armées constituées de mercenaires n’est pas propre au Soudan.

Il s’agit d’un phénomène transfrontalier qui met en péril la sécurité du continent africain, en particulier la région du Sahel», a-t-elle précisé. Rappelons que le haut-commissaire aux droits de l’homme s’est dit, début novembre, «extrêmement préoccupé» par l’escalade des hostilités et de la violence dans l’Etat d’Al Jazirah, au centre du Soudan, qui pourrait exacerber encore «le risque d’attaques contre les civils, des violences à motivation ethnique et des atrocités de masse». 

Près de 50 000 personnes ont fui vers les Etats de Gedaref, Kassala et le Nil fluvial, suite à une vague de violence armée et d’attaques dans l’est de l’Etat d’Al Jazirah, ont alerté des agences des Nations unies, soulignant que des dizaines de civils ont été tués ou blessés à la suite de ce regain de tension dans le centre du pays. Les Nations unies et les Etats membres ont, en septembre dernier, demandé lors d’une réunion de haut niveau consacrée au Soudan que des mesures immédiates soient prises pour protéger les civils, accroître le financement et l’accès de l’aide humanitaire et mettre un terme aux combats une fois pour toutes.

La guerre a plongé le Soudan dans une crise de la faim, alerte le Programme alimentaire mondial (PAM), soulignant que 36 millions de personnes sont confrontées à la faim au Soudan et dans la région. Un cessez-le-feu au Soudan est la seule solution durable qui empêcherait la propagation de la famine, selon l’ONU. 

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