La femme est le combat pour l’indépendance, mais aussi pour la promotion de la paix dans le monde, a été au centre de la rencontre organisée lundi au musée Zabana à Oran.
Il s’agit d’abord du vernissage d’une exposition intitulée «Les Anges en vert» et portant les photos sur la femme tchèque (ou tchécoslovaque car tout dépend de l’époque). Elle est présentée par l’ambassadeur de l’actuelle République tchèque, M. Jan Czerny.
Dans son intervention, celui-ci a d’abord mis en avant l’intérêt particulier qu’il porte au musée Zabana qu’il trouve intéressant de par sa pluridisciplinarité et son ouverture vers la société, la jeunesse notamment. «Vous avez par exemple des expositions de peintres modernes, mais le musée est également riche par son fonds propre, ses archives et ses réserves», fait-il remarquer en plus des efforts consentis pour le moderniser.
Le musée d’Oran est théoriquement jumelé à celui de Prague mais, jusqu’à l’heure, rien de palpable n’a été fait dans ce sens, reconnaît-il, promettant néanmoins de remédier à la situation.
On pense par exemple à une exposition commune mettant en valeur les richesses naturelles, patrimoniales mais aussi industrielles des deux pays, d’une part, d’autre part, on pense également à délocaliser à partir d’Alger une partie des activités culturelles prévues, notamment à l’occasion de la participation du pays au SILA (Salon internationale du livre) pour les présenter à Oran.
Au sujet de l’exposition qu’on peut visiter jusqu’au 4 novembre, le diplomate tchèque rappelle que, malgré l’occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale, les hommes et les femmes de son pays ont pris part au conflit en allant soit vers l’Ouest (pilotes ayant officié dans l’armée de l’air britannique, par exemple) ou sur le Front de l’est. C’est en partie l’histoire des femmes enrôlées dans l’armée (corps médical en général) durant ce conflit qui est racontée ici. Des femmes qui ont continué leurs actions bien après en allant intervenir sur le plan humanitaire dans beaucoup d’autres régions du monde, le Kosovo ou l’Afghanistan pour ne citer que ces cas-là. C’est lui-même qui va raconter l’histoire d’une autre figure marquante en la personne de Bertha Van Suttner (1843-1914), première femme lauréate du prix Nobel de la paix en 1905. Elle est née à Prague, ville qui était alors, au moment de sa venue au monde, sous la coupe de l’empire autrichien. Il rappelle son passé aristocratique qui ne l’a pas empêché de militer pour la paix. Auteure de Bas les armes !, c’est, dit-on, elle qui a influencé Nobel pour la création du prix en question.
«Nous sommes pleins de bonne volonté»
La seconde partie de la rencontre a été réservée au combat de la femme algérienne et sa participation active à la guerre d’indépendance du pays et présenté sous forme de table ronde animée par des universitaires du département d’histoire de l’université Oran1. C’est d’abord Fatiha Sifou qui est intervenue pour donner un aperçu général sur cette participation.
L’intérêt ici c’est qu'en plus des militantes du FLN, de celles qui se sont engagées dans l’ALN, martyrs ou pas, elle n’omet pas toutes ces femmes au foyer qui sont restées mobilisées pour porter assistance aux combattants ou celles qui ont tout perdu, c’est-à-dire maris et enfants, durant le conflit. Lui succédant, le professeur Boubaya Abdelkader s’est intéressé à un cas précis en racontant le parcours de Hassiba Ben Bouali (1938-1957), martyre à seulement 19 ans, en pleine bataille d’Alger, mais après un parcours exceptionnellement riche. Elle était dans la cache de La Casbah en compagnie du Petit Omar, d’Ali la Pointe et de Mahmoud Bouhamidi qui a été plastiqué par l’armée coloniale. Son militantisme sans faille et son sacrifice se retrouvent très bien dans la dernière lettre adressée à ses parents et lue à l’occasion par l’historien dont voici un extrait : «(…) nous sommes pleins de bonne volonté et des frères meurent tous les jours pour conduire leur pays à la liberté. Aussi, ai-je décidé, enfin, qu'il est de mon devoir de partir au maquis où je sais que je pourrais servir comme infirmière ou même s'il le faut, et je l'espère de tout mon cœur, combattre les armes à la main (…)»
Dans son introduction, l’historien a fait remarquer que les femmes, évidemment moins nombreuses, ne sont en général pas aussi connues que leurs camarades hommes, mais en citant quelques-uns, il déborde le cadre de la guerre d’Algérie pour évoquer le combat précédent de la résistance populaire en citant l’Emir Abdelkader.
Le thème de la journée se prête bien à l’évocation dans le même cadre d’une femme connue comme Fatma N’Soumer. Une autre figure marquante de la résistance et du combat pour la liberté.