Musée Picasso à Paris : Coup de projecteur sur Jackson Pollock

14/10/2024 mis à jour: 13:46
AFP
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Photo : D. R.

Le musée Picasso-Paris présente, à partir de demain mardi, une exposition consacrée aux premières années d’un maître de la peinture américaine, Jackson Pollock (1912-1956), marquées par l’influence de Pablo Picasso et des muralistes mexicains.

Première exposition en France depuis 2008 sur ce représentant de l’expressionnisme abstrait et du triomphe de l’art américain au tournant de la Seconde Guerre mondiale, elle présente «une centaine d’œuvres dont une quarantaine de toiles majeures venues des Etats-Unis pour la grande majorité d’entre elles» et notamment du MoMA de New York, selon Joanne Snrech, commissaire de l’exposition.

Intitulée «Jackson Pollock, les premières années (1934-1947)», elle revient sur les débuts de la carrière de l’artiste, marqués par l’influence du régionalisme - un art proche des territoires éloignés des grandes villes -, de Picasso et des muralistes mexicains, jusqu’à ses premiers «drippings» ou projections de peinture qui ont révolutionné la manière de peindre. «Picasso a énormément compté pour Pollock et toute une génération d’artistes.

Ils ne se sont jamais rencontrés mais le grand frère de Jackson Pollock, Charles (également peintre, ndlr), lui envoie des revues dans lesquelles le travail de Picasso est reproduit. Il sera le premier intermédiaire entre l’art moderne et son petit frère à qui il mettra en quelque sorte le pied à l’étrier», selon la commissaire.

C’est une exposition de 1939 intitulée «Picasso : 40 ans de son art» au MoMA, qui accueille alors Guernica, qui semble avoir eu «le plus fort retentissement» sur le travail de Pollock, souligne Mme Snrech. La première partie de l’exposition montre des dessins et tableaux de Jackson Pollock, reprenant le motif du masque ou du taureau, dont le mimétisme avec ceux de Picasso est troublant.

Une série de dessins réalisés par l’artiste américain, atteint de troubles bipolaires et alcoolique, destinés à son psychanalyste comme support thérapeutique, constituent un autre témoignage étonnant de l’influence du maître espagnol. Né en 1912 dans le Wyoming, Etat rural de l’ouest des Etats-Unis, Jackson Pollock fait partie d’une fratrie de cinq frères issue d’une famille modeste «très politisée», selon la commissaire. Il arrive à New York en 1930 et découvre un creuset artistique bouillonnant qui va faire décoller sa carrière après une formation académique à l’Art Student League où son professeur, Thomas Hart Benton, lui inspire une utilisation rythmique de la peinture.

Muralistes mexicains

Charles et Jackson vont aussi voyager ensemble aux Etats-Unis pour observer les grands cycles de fresques des muralistes mexicains : Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco. Tous ont bénéficié au début des années 1930 de nombreuses commandes des Etats-Unis où ils ont séjourné, tenant parfois des ateliers, à l’instar de Siqueiros auprès duquel Pollock travaillera au printemps 1936.

En janvier 1941, une autre exposition du MoMA consacrée aux arts natifs américains va également influencer Jackson Pollock : plus d’un millier d’œuvres et d’objets y sont présentés, des démonstrations de peintures de sable sont réalisées par des artistes Navajos et un gigantesque totem sculpté est érigé à l’extérieur. Le peintre va se mettre à travailler au sol, incluant aussi des motifs totémiques et chamaniques dans ses œuvres. L’exposition montre aussi l’influence sur l’artiste de figures européennes exilées aux Etats-Unis pendant le Seconde Guerre mondiale et notamment celle des surréalistes : l’automatisme, clé pour eux, de la création artistique, sera repris par le peintre dans toute son œuvre.

Une salle est dédiée à la rencontre de l’artiste en 1942 avec la collectionneuse et mécène Peggy Guggenheim qui ouvre une galerie à New York où elle expose sa riche collection d’avant-gardes européennes aux côtés d’artistes émergents dont Jackson Pollock, «moment de bascule dans sa carrière», selon la commissaire.  En 1944, le MoMA lui achètera sa première œuvre, She-Wolf, présentée dans l’exposition. Une dernière salle est consacrée à son évolution vers les «drippings», une multitude de projections de peinture, qui font souvent penser à la calligraphie et qui l’ont rendu mondialement célèbre.
 

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