Le Musée de l’impression sur étoffes (Mise) de Mulhouse (Haut-Rhin), riche d’une collection d’imprimés unique au monde, mais qui avait découvert en 2018 un vaste pillage de ses collections se voit restituer lundi 76 carrés Hermès récupérés par la police judiciaire.
«On s’est appuyé sur le travail de recollement (d’inventaire) qui a été mené au sein du musée, qui a établi que 219 carrés Hermès, ainsi que 3000 livres d’ouvrages environ, recensant les étoffes produites au fil des époques, ont été volés, en plus de vases Gallé», a déclaré à l’AFP le chef de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), le colonel Hubert Percie-du-Sert.
«L’identification des pièces et la veille des échanges commerciaux entre les personnes suspectées a permis de retrouver 76 carrés Hermès qui font l’objet d’une restitution lundi après-midi», a-t-il ajouté. «Cela montre l’importance d’inventorier et de sécuriser ces collections, puisqu’on est capable ensuite de tracer ces objets pendant toute leur vie, ou en tout cas à chacune des transactions où ils sont détectables», a ajouté l’officier.
L’affaire avait débuté en 2018 avec le dépôt d’une plainte du directeur du Mise, peu après qu’une célèbre maison d’enchères avait signalé avoir reçu, pour être vendus, des objets semblant provenir des collections du musée. Une enquête préliminaire et une information judiciaire ont été ouvertes. «Les investigations sont toujours en cours», a précisé lundi le parquet de Mulhouse à l’AFP. L’ancien délégué à la conservation du musée, Jean-François Keller, a été mis en examen. Il a reconnu le vol de vases Gallé ainsi que ceux d’une centaine de carrés Hermès.
La police judiciaire de Mulhouse et l’OCBC, cosaisis du dossier, ont établi un lien entre M. Keller et «une société basée aux Etats-Unis qui achetait certains ouvrages volés», selon l’OCBC. «En parallèle, sur le territoire national, les investigations menées au sein d’une maison de vente parisienne ainsi qu’auprès d’un expert ont également permis de retrouver une quarantaine d’ouvrages industriels volés», précise l’OCBC. Une première restitution d’ouvrages volés avait eu lieu en 2022.
En 2019, la direction régionale des affaires culturelles avait mis en demeure le musée de «prendre les mesures nécessaires pour remédier aux périls encourus par les collections», une procédure extrêmement rare. Elle avait ensuite décidé de procéder aux travaux d’inventaire sur les collections les plus dégradées, l’Etat devenant alors maître d’ouvrage des réalisations.