Moyen-orient : Londres accuse Téhéran d’exercer «une influence néfaste»

25/12/2023 mis à jour: 01:38
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Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a accusé l’Iran d’exercer une «influence tout à fait néfaste dans la région et dans le monde», dans une interview publiée hier sur le quotidien Sunday Telegraph, relayé par l’AFP. 

«L’Iran exerce une influence tout à fait néfaste dans la région et dans le monde, cela ne fait aucun doute», a déclaré David Cameron, qui s’est rendu cette semaine au Moyen-Orient, où il s’est notamment entretenu avec le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, sur la guerre entre Israël et le Hamas. «Il y a les Houthis, le Hezbollah, les milices soutenues par l’Iran en Irak qui attaquent les bases militaires britanniques et américaines. Et, bien sûr, le Hamas», a poursuivi le chef de la diplomatie britannique. «Je pense qu’il est extrêmement important que l’Iran reçoive un message très clair: cette escalade ne sera pas tolérée.»

L’avertissement de D. Cameron fait écho aux accusations des Etats-Unis visant l’Iran et son implication présumée dans des attaques récentes menées par des rebelles houthis du Yémen contre des navires commerciaux en mer Rouge. Dans l’interview, D. Cameron a par ailleurs déclaré que Londres renforcerait la coopération avec ses alliés «pour définir un ensemble de mesures dissuasives puissantes contre l’Iran». «Il est important que nous le fassions», a-t-il soutenu. «Le niveau de danger et d’insécurité dans le monde est extrêmement élevé par rapport aux années et décennies précédentes, et la menace iranienne fait partie de ce tableau», a-t-il justifié.

 Le Royaume-Uni est membre de l’alliance «Prosperity Guardian», qui a pour objectif de mettre un terme aux attaques des Houthis contre des navires que ces rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, considèrent comme «liés à Israël». Début décembre, le Royaume-Uni a également dévoilé de nouvelles sanctions visant les «décideurs et les exécutants» de l’Iran, dont le chef de la Force Qods, commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Interrogé sur la possibilité que Londres impose d’autres mesures contre l’Iran, D. Cameron a répondu qu’il ne s’agit pas d’une question «publique». 

Londres souhaite toutefois envoyer «un avertissement très clair aux Houthis et à leurs soutiens iraniens : nous ne tolérerons pas ces attaques continues contre des navires». Samedi, un navire chimiquier japonais a encore été touché au large de l’Inde par un drone «tiré depuis l’Iran», sans faire de blessé, a affirmé le ministère américain de la Défense. 
 

«Nouveaux pouvoirs de résistance»

Téhéran n’a pas tardé à réagir en niant toute implication dans les attaques récentes menées par des rebelles houthis du Yémen. «La résistance (groupes armés en lutte contre Israël, ndlr) dispose de ses propres forces et agit en fonction de ses propres décisions et capacités», a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Bagheri, à l’agence locale Mehr. Plus tôt, le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a indiqué que les Etats-Unis avaient déjà demandé à l’Iran de recommander aux rebelles yéménites de ne pas agir contre les intérêts américains et israéliens dans la région. «Nous avons clairement fait comprendre aux Américains que ces groupes ont agi en fonction de leurs intérêts», a déclaré le ministre lors d’une conférence organisée samedi pour soutenir les Palestiniens. «Nous ne leur avons pas ordonné et ne leur ordonnerons pas d’arrêter les attaques», a-t-il poursuivi. 

De son côté, un responsable des gardiens de la révolution iraniens a averti que d’autres voies de navigation deviendront impraticables si la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. «Avec la poursuite des crimes, l’Amérique et ses alliés doivent s’attendre à la naissance de nouveaux pouvoirs de résistance et à la fermeture d’autres voies navigables», a dit Mohammad Reza Naqdi, cité par l’agence de presse iranienne Tasnim. «Ils devront bientôt s’attendre à la fermeture de la mer Méditerranée, de Gibraltar et d’autres voies navigables contre eux», a-t-il prévenu. 

L’Iran admet son soutien politique aux Houthis, en guerre depuis 2014 contre le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale. Mais Téhéran dément fournir du matériel militaire aux rebelles. Les Houthis qui contrôlent une grande partie du Yémen ont prévenu qu’ils continueront leurs attaques. «Même si l’Amérique mobilise le monde entier, nos opérations militaires ne s’arrêteront pas (...) quels que soient les sacrifices que cela nous coûte», a déclaré Mohammed Al Bukhaiti, un haut responsable des Houthis, sur le réseau social X. Il a ajouté que ces attaques s’arrêteraient seulement «si Israël cesse ses crimes et que la nourriture, les médicaments et le carburant parviennent à la population assiégée», de la Bande de Ghaza. Le principal porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, a affirmé sur X que les rebelles yéménites ont agi en «solidarité avec le peuple palestinien et contre le blocus» de Ghaza. 

«Ce n’est ni une démonstration de force ni un défi lancé à quiconque», a-t-il assuré, ajoutant que «l’alliance formée est destinée à protéger Israël». «Les peuples de la région ont le droit de soutenir le peuple palestinien (...) tout comme l’Amérique qui s’est arrogée le droit de soutenir Israël», a-t-il estimé.

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