Mort de l’artiste peintre Bachir Yelles Chaouche : L’icône de la peinture contemporaine s’en va

18/08/2022 mis à jour: 00:09
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Considéré comme l’un des fondateurs de l’art contemporain en Algérie, Bachir Yelles Chaouche était un personnage hors du commun. Il incarnait à la fois la sagesse, l’humilité, l’intelligence, la philosophie et la clairvoyance.

Il était toujours à l’écoute de l’autre. Il n’était pas avare en matière de conseils en direction de ses anciens élèves et des autres générations qui ont suivi. On connaît la peinture figurative du défunt Bachir Yelles Chaouche, puissamment sincère, vigoureuse, personnelle, viscéralement engagée pour témoigner de l’homme dans sa douleur au pluriel comme dans sa beauté, ainsi que par les paysages dans toute leur splendeur.

Bachir Yelles est né en 1921 à Tlemcen. Il fait ses études secondaires au collège De Slane à Tlemcen entre 1932 et 1942, puis de 1943-1947 à l’Ecole des beaux-arts d’Alger dans les ateliers d’Andrée du Pac et de Louis Fernez. En 1944, il participe à la Première exposition de peintres et miniaturistes musulmans d’Algérie au Cercle franco-musulman d’Alger, aux côtés notamment de Ali-Ali Khodja, Hemche, Ranem et Temmam. Le parcours et les distinctions de Bachir Yelles Chaouche sont des plus riches et ses expositions sont des plus nombreuses en Algérie et à l’étranger.

Entre 1962 et 1982, le plasticien a été le premier directeur de l’Ecole nationale d’architecture et des beaux-arts d’Alger au sortir de la Guerre de Libération.

On retiendra aussi que Bachir Yelles Chaouche est le concepteur de la maquette du Mémorial du martyr, l’auteur du portrait de Georges Marçais, de la crypte du Musée du moudjahid, la miniature de Abdelhamid Ben Badis, la fresque ornant l’ambassade d’Algérie à Paris, ainsi que les nombreux timbres-poste.

Pour rappel, à l’occasion de la célébration du centenaire de la naissance du doyen de la peinture algérienne, une cinquantaine de ses anciens élèves lui ont rendu un vibrant hommage à travers la tenue d’une exposition de peinture qui lui a été consacrée du 8 juin au 12 septembre 2021 au Musée national public des beaux-arts d’Alger.

Présent à cet événement, le regretté artiste n’avait pas caché sa joie de se retrouver parmi ses proches et la grande famille artistique. Il dira à ce propos avec émotion : «Si aujourd’hui, nous sommes tous là réunis, c’est pour essentiellement commémorer une épopée fantastique que nous avons partagée avec un certain nombre d’entre vous au lendemain de l’indépendance et qui correspond à l’avènement de l’Ecole nationale des beaux-arts et la formation des premières promotions d’artistes.

Je parle d’épopée, car après avoir assisté durant ce siècle d’existence à l’avènement du Mouvement nationaliste algérien au lendemain des deux Guerres Mondiales et auxquelles nous avons voulu nous, artistes algériens, apporter notre engagement par la tenue de la première exposition des peintres et des miniaturistes musulmans en 1944. La mission de prendre en charge la destinée de l’Ecole nationale des beaux-arts au lendemain de l’indépendance a été vécue, par moi et la poignée d’enseignants algériens de l’époque, comme un véritable sacerdoce, eu égard à la Guerre de Libération menée par notre vaillant peuple.»

Que l’artiste peintre repose en paix avec nos sincères condoléances à sa famille.

 

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