Mont Saint-Michel : Un bureau magnifique mais mal chauffé

16/01/2024 mis à jour: 01:22
AFP
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Près de 350 marches à gravir, l’humidité, la station debout: des salariés de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, un des joyaux du patrimoine français, sont en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail. Le Mont, situé en Normandie, dans le nord-ouest de la France, est visité chaque année par trois millions de personnes. 

Sur la passerelle d’accès à ce village fortifié bâti sur un îlot rocheux, un agent d’accueil balayé par le vent et la pluie depuis plusieurs heures ironise sur ce bureau «magnifique mais mal chauffé». Le froid, l’humidité et les 350 marches à monter tous les jours en font un lieu de travail usant. 

Entre l’escalade matinale pour rejoindre l’abbaye, «les visites et ceux qui restent debout toute la journée, nous avons tous des problèmes d’articulations aux genoux, aux chevilles», déplore Herminia Amador Chacon, du syndicat CGT. «Notre navette dédiée nous laisse dix minutes le matin pour gravir le Mont jusqu’au sommet et ouvrir tout le bâtiment au public, on ouvre en retard tous les matins car c’est physiquement impossible !», dénonce-t-elle. 

Une quinzaine des cinquante-cinq salariés de l’abbaye, gérée par le Centre des monuments nationaux (CMN), se sont mis en grève depuis le 26 décembre. L’édifice religieux, qui fait partie des monuments les plus visités de France avec 1,5 million de touristes par an, est depuis soit fermé au public, soit ouvert gratuitement.  Sur le panneau d’orientation au pied de l’édifice, une affiche prévenait mercredi les visiteurs : «En raison d’un mouvement social, le monument ouvrira entre 13h et 17h, visites et parcours commentés sont annulés.»

 Deux touristes ayant trouvé portes closes dans la matinée, Lise et Thomas, 25 et 24 ans, sont «un peu déçus» d’être venus de Flers, à quelque 85 km de là, sans voir l’abbaye, mais estiment que «la grève, ils ne la font pas pour rien». Les revendications portent sur une augmentation des effectifs, la reconnaissance financière des compétences linguistiques et de la pénibilité ainsi que l’amélioration des conditions de travail. Les investissements ne sont «pas à la hauteur de ce merveilleux monument qu’est l’abbaye alors qu’il rapporte beaucoup d’argent au CMN», selon la syndicaliste.
 

Deux préfabriqués

A 13h15, les grilles de l’abbaye s’ouvrent pour les quelques heures de visites rendues possibles par l’effectif non gréviste, beaucoup sont des vacataires. L’un d’eux, qui n’a pas souhaité révéler son nom, renseigne les touristes en trois langues et «soutient les revendications syndicales» mais «a fait le choix de venir travailler». Les caissiers vendent habituellement les billets dans deux petits préfabriqués. «Ces deux postes provisoires ont été installés pendant (l’épidémie de) Covid, il y a le chauffage, on y est à l’abri mais c’est trop petit, on demande une structure d’accueil pérenne», ajoute Herminia Amador Chacon. 

Selon les chiffres du CMN, 2500 visiteurs sont entrés dans l’abbaye en moyenne ces derniers jours, contre 4000 habituellement pendant les vacances d’hiver. Arnaud Noblet, secrétaire général de l’abbaye du Mont Saint-Michel pour les Monuments nationaux, dit «comprendre à titre personnel» que les salariés se sentent parfois «submergés» lors de la haute saison. 

Il rappelle que «depuis 2018 la masse salariale a augmenté de 7%, nous passons de 55 agents permanents à 85 en période estivale, et les négociations de fin d’année ont abouti à la création de 2,5 postes». 

Pour M. Noblet, le CMN fonctionne «en péréquation et nous le revendiquons, les grands monuments comme l›abbaye permettent aux petits d›exister». Les quelques commerçants du Mont interrogés par l’AFP assurent, eux, ne pas observer de différence sur leur chiffre d’affaires depuis le début du mouvement. 

Solène, 41 ans, venue en famille de la région parisienne, «a eu la bonne surprise de voir que c’était gratuit» : «Si on peut, on donnera un billet à la sortie pour le monument et le personnel», souligne-t-elle. 

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