Il est encore possible de récupérer des millions de mètres cubes d’eau avant l’été, en les stockant dans le lit de l’oued et en souterrain dans les nappes alluviales en relation avec le Sébaou», préconise le docteur Malik Abdeslam, hydrologue et enseignant-chercheur à l’université de Tizi Ouzou.
Le barrage de Taksebt, qui avait atteint, il y a quelques mois, une baisse inédite de remplissage, commence à se remplir doucement, notamment avec les pluies qui se sont abattues ces derniers jours, dans la wilaya de Tizi Ouzou, et les eaux récupérées, avec un système de pompage, à partir de l’oued Sébaou.
Toutefois, mercredi dernier, les membres de l’APW, en session ordinaire, ont passé au crible la situation de l’alimentation en eau potable dans la wilaya, qui est jugée inquiétante par les élus. Ainsi, Berchiche Elhayouni, du groupe Assirem, a relevé que la dotation de plus de 15 communes est inférieure à la norme.
Il cite, à titre illustratif, le problème des pénuries d’eau qui persiste dans plusieurs localités, dont celles de Tigzirt, où ce liquide précieux n’est, a-t-il déploré, disponible qu’une fois tous les 10 jours en été. Le même intervenant a également parlé de la station de dessalement d’eau de mer, qui est en panne depuis plusieurs années.
«Dans la daïra de Beni Douala, il y a des villages et des quartiers où l’eau ne coule des robinets qu’une fois tous les trois mois», a-t-il martelé tout en mettant l’accent sur le phénomène de déperdition de cette denrée rare qui s’évapore dans la nature. «60% de l’eau s’évaporent dans la nature en raison des fuites et des piquages illicites», a-t-il fait remarquer.
Le même constat est établi par d’autres élus, qui ont évoqué aussi les retards enregistrés dans la réalisation d’autres projets AEP annoncés depuis des années.
Youcef Sid Ali du FFS a, lui, soulevé le blocage du projet du réseau d’alimentation de la commune de Bouzeguene à partir du barrage de Tichy Haf, dans la wilaya de Béjaïa. «Où se situe l’opposition ?» s’est-il interrogé avant de revenir, lui aussi, sur les déperditions d’eau qui ont atteint, a-t-il insisté, des proportions alarmantes.
«Il y a une fuite d’eau à Azazga qui dure depuis quatre ans. Si on arrive à récupérer cette eau qui part dans la nature, on peut facilement régler une grande partie du problème des pénuries de ce liquide précieux», a-t-il déclaré.
De son côté, Samir Bellili a contesté le taux (80%) d’avancement des travaux de la réalisation du barrage hydraulique de Souk N’Tlata, avancé dernièrement par l’administration.
«La commission hydraulique de l’APW a constaté, lors de sa sortie sur le terrain, que le taux de réalisation de cette infrastructure n’a même pas atteint les 50%», a-t-il affirmé, avant d’ajouter que le problème du relogement de 51 foyers bloque tout projet d’envergure.
Djamel Zeghdoud du groupe d’indépendants Tagmats s’est interrogé sur le sort des projets des barrages de Zaouia, dans la commune de Makouda, et de Boubhir, entre autres.
Par ailleurs, dans son intervention, le wali de Tizi Ouzou, Djilali Doumi, a reconnu qu’il y a effectivement une crise, tout en estimant que la situation de l’AEP est nettement meilleure que celle de l’été dernier.
Pour ce qui est du problème du projet d’approvisionnement de la commune de Bouzeguène à partir du barrage de Tichy Haf, le chef de l’exécutif de wilaya a émis le souhait de voir l’APW de Tizi Ouzou prendre contact avec celle de Béjaïa pour trouver une solution au blocage.
La directrice de l’Algérienne des eaux/unité de Tizi Ouzou, Mme Makoudi, a, entre autres, souligné que la station de dessalement d’eau de mer de Tigzirt nécessite une réhabilitation totale puisque, après chaque réparation, elle retombe en panne. «Elle a été remise en l’état 17 fois. Donc, maintenant, nous avons demandé un diagnostic car elle nécessite un financement pour sa réhabilitation totale», a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, s’agissant de la distribution du barrage de Taksebt, notons que 150 000 m3/jour d’eau traitée sont pompés à partir de cette infrastructure hydraulique, dont 100 000 m3/jour sont destinés à la wilaya de Tizi Ouzou et le reste pour Boumerdès et Alger.
40 000 m3 d’eau brute sont récupérés chaque jour, avec un système de pompage, de la quantité de plus d’un milliard mètres cubes de l’oued Sébaou qui se déversent chaque année en mer, selon les responsables de l’ADE, qui précisent que si la même cadence de transfert est maintenue, avec le taux de remplissage actuel du barrage qui est de 30% (52 millions de mètres cubes), celui-ci peut tenir jusqu’au mois de décembre prochain.
Enfin, il est important de rappeler que malgré les averses de ces derniers jours, les habitants de la wilaya de Tizi Ouzou ne cessent de subir les sempiternelles pénuries d’eau, aussi bien dans les villes que dans les villages. C’est ce que déplorent, d’ailleurs, les citoyens qui s’interrogent sur le fait que les robinets soient toujours à sec.
Par ailleurs, le docteur Malik Abdeslam, hydrologue et enseignant-chercheur à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, a estimé que les pluies enregistrées fin mars et début avril sont d’un apport appréciable pour le barrage de Taksebt.
«Il est encore possible de récupérer des millions de mètres cubes d’eau avant l’été, en les stockant dans le lit de l’oued et en souterrain dans les nappes alluviales en relation avec le Sébaou. Et en pompant réellement des millions de mètres cubes vers Taksebt. C’est très facile, rapide, très peu coûteux, et ce, avant qu’il ne soit trop tard», a-t-il préconisé.