Missiles tombés en Pologne : les dirigeants de l'Otan en réunion de crise à Bali

16/11/2022 mis à jour: 00:34
AFP
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Branle-bas de combat diplomatique au petit matin autour de Joe Biden, au Grand Hyatt hotel à Bali. Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Rishi Sunak, et plusieurs dirigeants des pays de l'Otan et du G7 ont tenu une réunion d'urgence mardi 15 novembre dans la suite du président américain, sur l'île Indonésienne, pour afficher un front commun à la suite de la chute de deux missiles en Pologne, qui a fait deux victimes, la veille. Les dirigeants occidentaux, ainsi que le premier ministre japonais, Fumio Kishida, rassemblés à l'occasion du sommet du G20, ont exprimé leur solidarité avec Varsovie, avant de temporiser face à une crise qui menace d'enflammer les relations entre l'Alliance et la Russie de Vladimir Poutine. «Je vais faire en sorte que nous sachions exactement ce qu'il s'est passé», a déclaré le président américain, soulignant le soutien «unanime total» à la Pologne, avant de juger «improbable» que l'engin ait été tiré depuis «le sol russe», «au vu de sa trajectoire». Une formule qui n'exclut pas un tir depuis un territoire contrôlé par l'armée russe en Ukraine.

«Nous verrons bien», a ajouté, évasif, le président américain. Varsovie affirme que l'engin ayant frappé pour la première fois le sol de l'Otan depuis le début du conflit est de fabrication russe, mais tente encore d'identifier son origine. «Nous offrons notre plein soutien et notre assistance à l'enquête en cours en Pologne», ont déclaré les dirigeants de l'Otan et du G7 auxquels se sont joints Charles Michel, le président du Conseil de l'UE, ainsi qu'Ursula von der Leyden, la présidente de la Commission. Et de présenter ses condoléances aux victimes de l'incident survenu alors que la Russie menait des frappes massives contre le territoire Ukrainien. Invité, le président Turc Recyep Erdogan ne s'est pas déplacé à ce rassemblement d'urgence des dirigeants de l'alliance atlantique après une courte nuit d'intenses échanges téléphoniques avec les capitales européennes. Emmanuel Macron devrait s'entretenir avec le président polonais Andrzej Duda mercredi matin, après avoir échangé avec le premier ministre Mateusz Morawiecki, la veille.

La France réclame également du temps pour qu'une enquête établisse la réalité des faits. «Il faut regarder les faits de manière très précise, explique-t-on à l'Élysée. C'est une affaire sur laquelle on ne peut pas se tromper (…) Compte tenu des enjeux, il est logique que l'on aborde la question avec la plus grande prudence», a déclaré un conseiller diplomatique à Nusa Dua, la péninsule barricadée au sud de Bali, où se déroule le sommet des vingt premières économies mondiales.

L'Otan, prudente, réaffirme son soutien à l'Ukraine

Paris appelle à replacer l'incident du missile dans le contexte d'une vague de frappes russes contre l'Ukraine après le retrait des troupes de Kherson. «Nous nous prononcerons sur l'objet, sur son origine, sur les modalités de la frappe une fois que nous aurons les résultats de l'enquête», ajoute-t-on de même source. Avec deux scénarios principaux envisagés aux conséquences fondamentalement différentes : une frappe Russe «débordant» sur le territoire de l'Otan, avec à la clé une possible escalade, ou un engin tiré d'Ukraine qui aurait atteint le territoire Polonais, à la suite d'une manœuvre accidentelle . «On n'imagine pas que l'Ukraine tire sur la Pologne», pointe l'Élysée.

Les Occidentaux jouent la prudence, alors qu'une réunion des ambassadeurs de l'Otan examinera la situation aujourd'hui à Bruxelles. Le recours à l'article 4 du Traité exigeant des «consultations» entre alliés, ou 5 obligeant à venir en défense d'un état agressé n'a rien «d'automatique» pointe un diplomate, et nécessite une demande formelle d'un État membre.

En attendant, l'alliance transatlantique réaffirme son soutien «indéfectible» à l'Ukraine, et condamne à nouveau «les attaques de missiles barbares que la Russie a perpétrées mardi contre des villes et des infrastructures civiles ukrainiennes». Elle ne reprend toutefois pas à son compte les accusations de Volodymyr Zelensky pointant un doigt accusateur vers Moscou. «Il s'agit d'un missile russe frappant la sécurité collective. C'est une escalade majeure qui réclame une action», a déclaré le président ukrainien dans une adresse vidéo.

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