Mise en garde

30/05/2022 mis à jour: 03:12
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Le FMI vient de mettre en garde les pays dépendants des marchés d’importation des produits alimentaires contre les risques d’une aggravation du phénomène de l’inflation et de la crise suite à la poursuite de la guerre en Ukraine. 

L’Algérie, à l’instar de pas mal de nations africaines qui importent beaucoup de produits alimentaires comme le blé – deuxième plus grand importateur mondial –, mais pas seulement, devra voir sa facture d’importation exploser en dépit de la volonté du gouvernement de la circonscrire dans des limites acceptables. 

Bien que pour l’Algérie certes, les recettes d’exportation des hydrocarbures pour cette année connaîtront, elles aussi, à leur tour une très nette augmentation en raison de la hausse des cours de pétrole, fruit également de la crise ukrainienne. 

Globalement, la question est de savoir dans quelle mesure les augmentations des prix de pétrole sur lesquels est arc-boutée notre économie pourraient-elles compenser les envolées des prix des produits importés, mais aussi ceux produits localement du fait de l’inflation de pratiquement tous les produits et de la matière première ? 

Le FMI n’a d’ailleurs pas manqué de faire quelques remarques à l’endroit des pays de la région MENA qui devraient songer à réfléchir sérieusement à des réponses idoines à réserver à cette question centrale. 

Nombre de pays parmi les premières puissances économiques, dont les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine, ou même d’ailleurs les faibles économies les plus douloureusement impactées au niveau du pouvoir d’achat des ménages ont dû être amenés à réagir face à une inflation de plus en plus alarmante.

 Dans son cas, l’Algérie ne peut, bien entendu, pas faire l’économie d’une réflexion très profonde sur cette question qui menace de saper les objectifs de la politique monétaire suivie jusque-là. Et il s’agirait, en plus des mesures adoptées auparavant au niveau des salaires et en matière fiscale, de se pencher d’abord sur les vraies sources d’inflation dans un esprit qui tienne compte réellement de la nature des dépenses des ménages pour mieux pouvoir agir sur la dégringolade du pouvoir d’achat. Il y a tout lieu, d’abord, de s’interroger sur la manière de calculer ce fameux taux d’inflation qui, aux yeux de l’opinion en tous cas, ne refléterait pas le rythme d’évolution des prix tels que constatés ou ressentis dans le portefeuille des ménages.

 Ensuite, les politiques budgétaires repensées, ainsi qu’on l’a déjà vu, et de manière inattendue, tout de suite après l’adoption de la loi de finances 2022, pour être mises au goût du jour, à savoir lutter contre l’inflation et renforcer le pouvoir d’achat, pourraient-elles être maintenues en dépit du risque de creuser encore davantage le déficit ? 

Et ce, d’autant qu’en dehors du secteur des hydrocarbures, la croissance économique, contrariée par la conjoncture, risque de ne pas être au rendez-vous. 

Une loi de finances complémentaire serait-elle en préparation ? Cela pourrait être un bon indicateur sur les intentions de l’Exécutif à vouloir dépasser la crise, qui cumule à la fois les poussées inflationnistes, un dinar qui se déprécie, un niveau de chômage important et une politique budgétaire et monétaire expansionniste. Le gouvernement dos au mur ? Difficile d’esquiver la question.

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