Le président de la Fédération des boulangers considère que cette augmentation des prix est «plus que légitime», notamment parce que les négociations tenues avec la tutelle depuis 2012 n’ont pas abouti.
Depuis les hausses surprises du prix de la baguette, les boulangers et les représentants des différents départements ministériels sont revenus à la table des négociations. Après une première rencontre tenue il y a une semaine, les représentants des artisans boulangers sont invités à une nouvelle réunion, demain lundi, au siège du ministère du Commerce.
Selon des responsables de ce département, cette rencontre devra aboutir à des solutions et des décisions. Au moment où le ministère appelle à la retenue et à maintenir le dialogue, des boulangers ont été verbalisés ces derniers jours pour des augmentations illégales du prix de la baguette. Des descentes des services des DCP des wilayas augmentent la pression sur une branche affaiblie par les charges liées à la fabrication du pain, produit de très large consommation.
En effet, fixé par la loi à 7,5 DA, le prix de la baguette serait en dessous du coût réel. Youcef Kalafat, président de la Fédération des boulangers, avait déclaré que le prix de revient de la baguette de pain est de 15 DA. «Une baguette de pain n’est pas faite que de farine subventionnée et d’eau. Les additifs, tels que la levure, le sel, l’améliorant et aussi les frais liés aux différentes factures, à savoir l’électricité et les salaires des travailleurs, sont tous compris dans les 7,5 DA fixés par l’Etat.
Ce prix, qui date de plus de 25 ans, n’est plus d’actualité depuis plusieurs années déjà», souligne notre interlocuteur, qui considère que cette augmentation des prix est «plus que légitime», notamment parce que les négociations tenues avec la tutelle depuis 2012 n’ont pas abouti. Pour lui, s’il y avait eu des résultats, plus de 13 000 boulangers n’auraient pas mis la clé sous le paillasson entre 2015 et 2021. «La décision d’aller vers 15 DA la baguette est une solution de survie pour les artisans boulangers qui sont tous menacés par la faillite», ajoute M. Kalafat.
La réunion, qui s’est tenue lundi dernier et à laquelle ont pris part les délégués des boulangers ainsi que des représentants de plusieurs départements ministériels, tels que l’Intérieur, les Finances, l’Energie, les Ressources en eau, l’Industrie et l’Agriculture, visent à sauver ces commerces. Une chose est sûre : peu importe les décisions qui seront prises lors de la réunion de demain, elles ne peuvent entrer en vigueur qu’après accord des hautes autorités du pays.
D’ailleurs, un dossier portant sur les revendications des boulangers et les différentes propositions de solutions devrait être discuté prochainement en Conseil des ministres. Ce dossier prévoit, entre autres mesures, la révision de la TVA sur les additifs, tels que les améliorants et la levure.
Dans ce sens, le ministère du Commerce a lancé une «enquête d’urgence» dans le but de mettre fin aux augmentations du prix de ces produits chez les importateurs. Une diminution des charges, notamment celles liées aux factures d’électricité et d’eau, est également prévue. Entre-temps, les files d’attente interminables devant les quelque 8400 boulangeries perdurent. La pression reste intacte en attendant la fin de cette impasse sur le prix du pain.