- Suite à la situation pandémique, les écoles ont été fermées sans prévoir un programme pour les élèves afin de combler cette interruption. Quelles en sont les conséquences ?
Il faut le dire, avec la Covid-19, il n’y a que des impacts négatifs. Il y a eu une semaine avant les vacances, plus ces dix jours, sans compter la diminution du volume horaire des matières. Le malheur est que rien n’est prévu ou réfléchi pour combler le manque d’instruction des élèves.
Pas de cours à la télé à ce que je sache, pas de résumé par tirage à remettre aux élèves ni de changement de méthode pédagogique. Rien ! C’est du pousse-pousse jusqu’à la fin de l’année. Le problème est qu’avec les années passée l’actuelle, nous aurons des terminales l’an prochain très diminuées sur le plan connaissances.
Cette cassure nette dans le processus d’apprentissage des élèves est une décision prise sans réflexion. Comble de l’ironie, on fait venir les enseignants dans des écoles pendant ce temps pour ne rien faire. Nous aurions dû préparer quelques leçons résumées aux élèves pendant cet arrêt.
Une fois revenus en classe, les enseignants vont passer moins de temps lorsqu’ils vont les faire en présentiel. L’arrivée de la 4e vague était imminente. Il fallait avoir un plan B bien ficelé et préparé et ne pas faire dans la précipitation. Malheureusement, la réflexion et la clairvoyance ne sont pas de la partie.
- Le ministère de l’Education nationale évoque une fois de plus les tablettes. Qu’en est-il réellement de cette histoire qui refait surface ?
Tablette ? On doit avoir les moyens de notre politique. La tablette nécessite de l’internet. Inutile de se voiler la face, la connexion est ce qu’elle est dans notre pays. Il est plus judicieux aujourd’hui de faire face, avec intelligence, à la situation que nous vivons avec nos moyens de bord. L’utilisation de la tablette est une bonne chose.
Elle peut accompagner les élèves pendant cette pandémie, mais nous n’avons pas les moyens. Nous essayons de placer la barre très haut pour impressionner, en oubliant la réalité du terrain. Lorsqu’on fixe un objectif, on doit d’abord se poser la question sur l’existence des moyens pour l’atteindre.
Ceci surtout que le secteur souffre de beaucoup de manques et n’a plus de moyens humains et matériels. Il faut se rendre à l’évidence. Nous vivons une crise financière aiguë et le secteur a besoin de moyens comme dans tous les pays. Seul un travail réfléchi fait avec intelligence peut atténuer l’impact de cette crise.
- Que faut-il faire aujourd’hui pour redresser la barre ?
Avec plus de 10 millions d’élèves scolarisés, leur prise en charge réelle est énorme. Il faut des journées pédagogiques ouvertes, où tous les anciens inspecteurs vont participer ainsi que les spécialistes des sciences de l’éducation pour discuter, faire un véritable état des lieux et surtout sortir avec des propositions réalisables sur le terrain.
Il est absolument urgent de laisser de côté la politique du tout-va-bien. Il faut investir dans une excellente formation pour les enseignants, car seul un enseignant bien formé peut combler le manque de moyens.
Aussi, il ne faut pas rester statique devant la situation. Pour avancer dans les programmes, il faut changer de méthodes d’enseignement pour faire face à la Covid. Il est urgent de renforcer le contrôle de la température à l’entrée des établissements et renvoyer l’élève malade ou le fonctionnaire. Il faut mettre à la disposition des établissements des tests de dépistage rapide gratuits.
Il est préférable que 10 élèves aient un retard que 800 dans un établissement. Il faut aussi sensibiliser les parents de garder leurs enfants à la maison quand ils ont des symptômes et leur assurer le rattrapage des cours.