- Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, vient de présider une réunion du gouvernement consacrée au secteur du numérique. Est-ce un début de prise de conscience de l’importance de ce secteur ?
La prise de conscience de l’importance de ce secteur existait déjà. Cependant, c’est une bonne nouvelle, car on voit qu’il y a réellement une volonté de concrétiser cette prise de conscience. Nous espérons qu’il y aura des mesures pour faciliter l’accès à la formation et aider les entreprises du secteur du numérique. Une collaboration étroite entre l’Etat, les universités, les entreprises du secteur, les organisations et le citoyen est nécessaire.
- Les administrations et les entreprises l’ont-elles adopté concrètement, ou reste-t-il encore des étapes à franchir ?
Pour les administrations et les grandes entreprises, la dynamique existe. Pour les PME et TPE, il y a, je crois, une étape liée au coût et au manque de formation ; il faudrait initier un accompagnement des PME/ TPE vers la numérisation. Cela peut se matérialiser par des guides à mettre à disposition. Dans tous les cas, quelles que soient l’administration et l’entreprise, il faut pouvoir faciliter la formation et aider au développement des entreprises de services du numérique (ESN) ; cela permettra d’accélérer la numérisation.
- Le projet de réalisation d’un Data Center Gouvernemental a été lancé. Quel sera sa contribution à la concrétisation de la numérisation ?
C’est une bonne nouvelle. Cela permettra de garder la souveraineté des données critiques en les conservant en local.
- Pouvez-vous nous résumer les enjeux sécuritaires liés à la transformation digitale, qui a fait l’objet de plusieurs communications de votre part ?
Il y a un enjeu sécuritaire lié à la transformation digitale qui est manifeste. La transformation digitale est inévitable, on ne pourra pas y échapper ; les problèmes de sécurité associés le sont aussi. C’est un challenge qui touche tous les pays. Il y a avant tout la sécurité des installations industrielles et des Opérateurs d’importances vitales (OIV) à absolument garantir, notamment pour le secteur de l’oil and gas.
Les OIV opèrent dans des domaines d’activités sensibles pour l’intégrité même du pays et de la population (domaines sanitaire, alimentation, gestion de l’eau), régaliens (activités civiles de l’Etat, activités judiciaires, activités militaires de l’Etat). Les OIV exploitent ou utilisent des installations jugées indispensables à la survie de la nation. Ensuite, la sécurité des opérateurs de service essentiels (OSE) est à garantir.
Les OSE sont définis comme fournissant un service essentiel, dont l’interruption aurait un impact significatif sur le fonctionnement de l’économie ou de la société.
Les OIV/OSE doivent être soumis à une réglementation particulière pour la cybersécurité. Le point le plus important pour l’élaboration d’une cyberstratégie nationale reste la formation de talents en cybersécurité, la sensibilisation qui doit permettre d’améliorer les cybercompétences de la population, le développement de solutions souveraines. Cela doit s’accompagner d’une forte implication de l’Etat.
- La certification électronique n’est pas encore opérationnelle en Algérie. Faut-il accélérer la cadence pour dynamiser le secteur ?
Oui sans hésitation. L’enjeu est important et l’aspect sécurité est essentiel.