Médiation, la prérogative oubliée

22/07/2023 mis à jour: 00:19
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Le renforcement des prérogatives des élus locaux a longtemps été au centre des débats et a constitué un leitmotiv dans le discours de nombreuses organisations politiques. La question est toujours à l’ordre du jour, puisque le dossier de la révision des codes communal et de wilaya demeure ouvert.

Les dernières déclarations à ce sujet remontent à plusieurs mois et annonçaient la volonté des autorités de «consolider le rôle économique de la commune» dans une stratégie globale de développement dans le pays.

Il est prévu de «donner aux élus locaux plus de missions, plus de capacités de prises d’initiatives, et de moyens financiers (par le biais de la fiscalité locale)». Un comité d’experts a été installé en octobre de l’année dernière à l’effet de finaliser ce projet fort ambitieux, conçu comme l’un des instruments devant être mis en œuvre pour favoriser la création de richesses et d’emplois.

L’exercice effectif du mandat d’élu local a montré cependant l’importance de la mission de médiation dans toute démarche visant le développement et la consolidation de l’assise économique. Une fonction quasi cardinale qui a été régulièrement oubliée ou occultée.

Au temps mémorable de l’hyper-protestation sociale, amenant parfois à des actions incompréhensibles comme la fermeture des sièges d’APC, l’initiative de la médiation pour dénouer les conflits émanait de l’administration, à travers la daïra. Une situation aussi paroxystique qu’intenable, puisqu’elle inversait les rôles et déniait à l’élu local sa vocation de représentant de la population.

Aujourd’hui, il n’y a plus de clameurs ni de débordements aux portes des APC ou des APW. Il y a par contre un retard notable de développement qui perdure dans nombre de secteurs d’activité. Il suscite le même effet parmi les citoyens, mais leur désarroi est plutôt exprimé dans le registre virtuel.

Voulant contribuer efficacement à la relance des projets de développement en souffrance depuis des années, l’APW de Tizi Ouzou a multiplié ces derniers mois les sorties sur les chantiers dans des secteurs aussi névralgiques que celui de la santé, des transports, et de l’énergie.

Des réunions sont systématiquement programmées à l’issue de ces visites avec tous les protagonistes et les intervenants dans les projets. Elles incluent, en fait, les citoyens à l’origine des oppositions et les responsables en charge des programmes inscrits au profit de la région.

Cette faculté de médiation et de dépassement des blocages gagnerait à s’étendre aux communes où différentes opérations sont en butte à des oppositions de tous ordres. Les APC peuvent s’appuyer sur le principe de la démocratie participative prévue dans les textes afin d’aplanir les différends qui entravent la bonne marche des plans communaux de développement.

A l’échelle de la wilaya, les programmes sont véritablement structurants, comme les dessertes autoroutières, la finalisation du projet de transport par câble ou l’extension du gazoduc. Il est regrettable d’invoquer la difficulté pour implanter un pylône dans un chef-lieu aussi important où un projet de télécabine est en réalisation depuis 14 ans.

Le transport du gaz dans des localités restées en marge de ce programme remontant à deux décennies a pu être débloqué après une simple réunion au siège de l’APW.

La seule précaution à prendre est de ne pas célébrer la levée des oppositions comme une sorte d’exploit, comme on a pu le voir récemment dans le milieu sportif où l’on a quasiment fêté le «maintien» du club de football. Il n’est pas possible d’assimiler un échec à une victoire ou la fin d’une situation de blocage à un coup d’accélérateur.

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