Mechta Tafrent à Djebel Ouahch (Constantine) : Les habitants réclament l’eau et l’assainissement

24/02/2024 mis à jour: 08:29
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Photo : EL Watan

Privés de ces deux commodités, les résidants de ce lieu, ayant connu une importante extension urbaine, mènent une vie de plus en plus difficile.

C’était environ 10h par une journée glaciale du mois de février, quand nous nous sommes rendus à mechta de Tafrent, nichée entre les contreforts escarpés de la cité Djebel El Ouahch, dans la banlieue nord de la ville de Constantine. Cet ancien douar, qui connait une importante extension urbanistique abritant de nombreuses familles, raconte une histoire de contrastes saisissants.

A première vue, il y a quelques belles maisons éparpillées sur les bords de la route principale flambant neuve, symbole d’un développement promis. L’espoir s’est vite transformé en amertume, à quelques encablures plus loin, où nous nous sommes rendu compte que l’isolement demeure persistant en l’absence criante d’infrastructures vitales, privant ses habitants d’une vie digne.

Même si cette route, bien que praticable reliant Tafrent au secteur de Djebel El Ouahch ne s’est  accompagnée d’aucun aménagement des accès vers l’intérieur de cette mechta. Sur place, on parle de pistes sinueuses, impraticables pour les véhicules comme pour les piétons, constituent un obstacle majeur. «Au début et quand on était jeunes et célibataires, on se disait que ces conditions font la particularité d’un douar.

On était  même convaincus que nous nous sommes habitués à vivre ainsi. Mais au fil des ans, avec l’âge, la responsabilité de toute une famille et les exigences de ses membres, on constate la vie difficile que nous menons ici», a déclaré un père de famille. Et de poursuivre que les riverains de la partie supérieure de cette mechta souffrent sérieusement du manque d’infrastructures essentielles, ce qui représente un fardeau quotidien à supporter.

Parmi les problèmes soulevés, notre interlocuteur souligne celui de l’absence d’un réseau d’assainissement qui est flagrant et inadmissible. En hiver, selon ses dires, les eaux usées stagnent, transformant les lieux en  marécages insalubres et sources de maladies.

Vivre avec l’eau des citernes

L’accès à l’eau potable est un autre défi majeur. Le réseau d’AEP, bien que réalisé, s’est avéré défectueux selon certains témoignages. Les habitants sont contraints d’acheter des citernes d’eau à des prix exorbitants. Des pères de famille se trouvent contraints de débourser 1500 DA par citerne, pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Une dépense insupportable pour la plupart des familles, qui se retrouvent obligés de rationner l’eau, privant ainsi les enfants et les personnes âgées d’une hygiène adéquate. Il est question d’une urgence vitale. «Une citerne peut subvenir à nos besoins, moi, mes enfants et mes petits- enfants, pendant deux à trois jours. Ceci dit en une semaine, je débourse plus de 3000 DA.

A vous de faire le calcul des dépenses uniquement pour l’eau. Une famille nombreuse avec des moyens financiers limités, ne pourra pas résister», a regretté un homme âgé rencontré sur place, s’estimant heureux d’être raccordé aux réseaux du gaz et de l’électricité contrairement à d’autres «véritables zones d’ombre». Loin des lumières et du tumulte du centre-ville, les habitants de cette communauté oubliée luttent quotidiennement pour accéder aux services de base, à commencer par les soins de santé.

L’absence d’une salle de soins est la principale source de frustration pour les résidents. En cas de maladie ou d’urgence, ils doivent parcourir de longues distances, souvent à pied, pour trouver un «fraudeur» ou un taxi les transportant à Djebel El Ouhch ou solliciter un voisin véhiculé. Cette situation est particulièrement difficile pour les personnes âgées et les enfants, qui sont les plus vulnérables.

Pour ce qui est de la disponibilité du transport urbain, les riverains ont fait savoir qu’ils font recours aux fraudeurs à 30 DA pour une place ou une course à 120 DA, pour se rendre seulement à Djebel El Ouahch. La situation de mechta Tafrent se veut comme un miroir des disparités criantes dans la société algérienne.

Pis encore, selon certains témoignages, les lieux risquent de perdre leur aspect rural suite à la prolifération de nouvelles constructions «illicites» réalisées dans l’anarchie totale sans aucune norme. «Parfois, il s’agit des propriétaires de terrains. Mais les travaux doivent être réalisés selon des normes, afin d’éviter l’anarchie dans les prochaines années. Il faut laisser de la place pour réaliser des accès et autres. Si les autorités ne réagissent pas rapidement, la situation se compliquera après», conclut un sexagénaire.            

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