Le président de la République a affirmé que l’Algérie est «attachée au principe de droit et d’équité en ce qui concerne le dossier de la mémoire, que certains cercles extrémistes tentent de falsifier ou de reléguer au tiroir de l’oubli».
Un triste anniversaire, une évocation officielle et toujours pas de reconnaissance du crime par la France. Le 63e anniversaire du massacre du 17 Octobre 1961 à Paris, en France, qui a coûté la vie à plusieurs dizaines d’Algériens, a été, une nouvelle fois, une étape pour relever l’ampleur des divergences entre l’Algérie et la France sur les dossiers de l’histoire et la mémoire.
Le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé, dans un message à la nation diffusé mercredi dernier, «l’image la plus expressive de l’adhésion de la communauté algérienne en France» à la Guerre de Libération. «C’est là un anniversaire qui demeure profondément gravé dans nos esprits, de par la forte symbolique qu’il revêt», note le chef de l’Etat.
Et d’ajouter : «Il rappelle aux générations l’une des images les plus expressives de l’adhésion de notre communauté en France au mouvement révolutionnaire de libération.» Poursuivant, le président Abdelmadjid Tebboune dénonce «la haine, la violence et le racisme du colonisateur en ces moments de folie dénués de tout civisme et humanité». L’Algérie est, insiste-t-il, «attachée au principe de droit et d’équité en ce qui concerne le dossier de la mémoire, que certains cercles extrémistes tentent de falsifier ou de reléguer au tiroir de l’oubli».
Pour rappel, les familles des victimes de ce massacre et les associations militent, depuis des décennies, pour que justice et reconnaissance soient faites. Sans suite, pour l’instant. En mars dernier, des députés français, dont Sabrina Sebaihi, ont réussi à faire voter à l’Assemblée française une résolution condamnant la répression meurtrière orchestrée par les autorités françaises contre les manifestants algériens et inscrire cette tragédie dans le calendrier mémoriel national de l’ancienne puissance coloniale. Pour l’élue d’origine algérienne, le vote en faveur de cette résolution est «une première étape» vers la reconnaissance de ce «crime colonial».
Commémoration des sinistres événements
Pour rappel, le 17 Octobre 1961, alors que la guerre d’Algérie battait son plein, des milliers d’Algériens vivant en France avaient organisé une manifestation pacifique à Paris, en réponse à l’appel du Front de libération nationale (FLN), pour protester contre le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé.
Sous l’autorité du tristement célèbre Maurice Papon, les forces de police ont réprimé violemment cette mobilisation. Le bilan est lourd. De nombreux manifestants furent tués, d’autres jetés dans la Seine, tandis que des centaines furent blessées et des milliers arrêtés. Alors que du côté algérien, l’exigence porte sur la reconnaissance pure et simple des crimes de la colonisation, du côté français, on avance presque à reculons.
Jeudi dernier, le président français, Emmanuel Macron, a choisi d’évoquer ces événements par un tweet sur sa page officielle, sur le réseau social X. Comme en 2021, il reconnaît des «faits inexcusables pour la République» française. «Le 17 octobre 1961, la manifestation d’Algériens était réprimée sous l’autorité de Maurice Papon. La France se souvient des morts, des blessés, des victimes. De ces faits inexcusables pour la République», écrit-il.
Emmanuel Macron estime, dans ce sens, nécessaire de «regarder en face l’histoire avec lucidité» pour «dessiner l’avenir». Mais pas plus de geste dans le sens de la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans cette sauvagerie qui a fait plus de 200 morts parmi les manifestants pacifiques algériens. Un geste qui pourrait contribuer à un «apaisement» des mémoires, en cette période de tension entre les deux pays.
Une tension attisée par la droite et l’extrême droite en France qui multiplie, ces derniers mois, les attaques contre l’Algérie et qui ne veut aucune reconnaissance des crimes du colonialisme français en Algérie. La commémoration de ces sinistres événements s’est faite, cette année, avec l’observation d’une minute de silence à la mémoire des victimes au niveau des écoles et des institutions, dont la présidence de la République, et des administrations du pays.