«Le registre de doléances» est l’un des mécanismes mis en place par les pouvoirs publics du pays afin de permettre aux citoyens de soumettre leurs préoccupations aux autorités compétentes, dans le but de répondre à leurs attentes et d’améliorer la qualité du service public.
Dans la wilaya de Mascara, de nombreuses administrations et autres établissements publics s’efforcent délibérément de dissimuler le registre de doléances, le plaçant hors de portée du regard des citoyens.
Cette pratique constitue un obstacle majeur à l’enregistrement de leurs plaintes relatives aux difficultés et aux problèmes rencontrés dans ces institutions. Apparemment intentionnelle, cette démarche semble viser à réduire le nombre de plaintes déposées en limitant, de manière indirecte, l’accès des citoyens à ce registre. Lors de ses visites inopinées dans plusieurs administrations des communes relevant des daïras de Mascara, Hachem et Tighennif, le wali de Mascara, Fouad Aïssi, a accordé une attention particulière au «registre de doléances». Il a insisté sur l’importance de mettre ces registres à la disposition des citoyens de manière visible et accessible. En effet, il a constaté que certaines administrations plaçaient ces registres dans des endroits peu visibles, afin de limiter l’enregistrement des plaintes.
Une pratique qu’il a fermement condamnée, exigeant sa correction immédiate. Des experts estiment que la dissimulation intentionnelle du registre de doléances repose sur une stratégie psychologique bien orchestrée.
En plaçant ce registre hors de la vue des citoyens, on réduit considérablement la probabilité qu’ils le demandent ou l’utilisent. Cette approche exploite un mécanisme psychologique naturel : face à des obstacles, qu’ils soient matériels ou psychologiques, l’être humain est souvent enclin à renoncer ou à reporter la revendication de ses droits, particulièrement dans un environnement qui n’encourage pas explicitement l’expression de ses plaintes.
Ce comportement conduit à une érosion de la confiance des citoyens envers les administrations publiques et leur capacité à répondre à leurs besoins ou à résoudre leurs problèmes.
De plus, il contribue à accroître le sentiment de mécontentement parmi les citoyens, les poussant parfois à recourir à d’autres moyens pour exprimer leurs revendications, comme les médias ou les réseaux sociaux. Même lorsqu’un citoyen parvient à accéder au registre et à y inscrire sa réclamation, un autre problème survient: le traitement inadéquat des plaintes. La loi stipule pourtant que les plaintes enregistrées doivent recevoir une réponse et que les observations doivent être documentées dans le registre.
Cependant, de nombreuses plaintes restent sans aucune observation ni réponse permettant d’expliquer ou de résoudre les problèmes soulevés. Cela reflète une négligence évidente des droits des citoyens dans leur interaction avec les administrations publiques. Les autorités supérieures, faut-il le souligner, accordent une grande importance au registre de doléances, car il constitue l’un des mécanismes essentiels permettant aux citoyens de soumettre leurs préoccupations aux autorités compétentes.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre des instructions données par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue en octobre 2022, visant une meilleure prise en charge des préoccupations des citoyens.