Marché mondial des matières premières : Pourquoi les prix des céréales ne devraient pas augmenter

04/02/2024 mis à jour: 06:20
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Les prix du blé à l’exportation ont baissé en janvier au niveau mondial, à la faveur d’une concurrence forte entre les exportateurs - Photo : D. R.

La baisse de l’indice de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) en ce premier mois de l’année pourrait donc se poursuivre les semaines à venir. La note de la FAO publiée ce 2 février fait ressortir un recul de 18,6% des prix des céréales en janvier 2024 par rapport à décembre 2023.

Les perspectives sur le marché des céréales s’annoncent stables d’ici la fin de la campagne de commercialisation 2023/2024. C’est ce que prévoit Argus média, entreprise spécialisée dans la production des évaluations de prix et des analyses des marchés internationaux de l’énergie et d’autres matières premières.

En effet, avec de gros volumes à exporter depuis l’hémisphère nord et des stocks de maïs massifs à l’échelle mondiale, Argus media envisage une évolution «neutre à baissière» des cours des céréales pour cette année. «D’ici à la fin de la campagne 2023/24, on table sur des cours céréaliers neutres à baissiers», estime dans ce cadre Arthur Portier, analyste chez Agritel.

L’expert souligne toutefois une situation «plutôt tendue» sur le marché mondial du blé, avec des stocks finaux attendus à 61 millions de tonnes (Mt) chez les exportateurs majeurs – dont 20% en Russie – et un ratio stocks/utilisations en baisse.

Du côté du maïs, les stocks s’annoncent massifs, selon la même source, qui ne prévoit pas d’impact sur les stocks globaux des céréales. «Au final, si on somme les stocks de blé et de maïs à la fin de la campagne 2023/24 chez les grands exportateurs, on atteindrait un volume record sur quatre campagnes, 120 Mt, et un ratio stocks/utilisations en hausse, à 12%», analyse Argus media.

De son côté, l’expert d’Agritel évoque l’«interdépendance entre les produits». «C’est impossible que le blé s’envole avec une situation aussi confortable en maïs : c’est une question d’équilibre», explique-t-il.

Et de relever une forte concurrence entre exportateurs, notamment en ces temps de crises géopolitiques. Pour les experts du marché céréalier, l’intense activité d’export observée en Ukraine «est une information baissière pour le marché» des céréales à moyen terme. Faut-il le rappeler, depuis la mi-septembre, les opérateurs du pays ont continué à expédier des produits agricoles par la mer Noire.

Et ce, «malgré l’arrêt du corridor sécurisé». Rien qu’en décembre dernier, l’Ukraine a expédié 4,8 Mt, «un record depuis le début de la guerre». «Le rythme devrait rester soutenu», prévoient les analystes.

Pour ces derniers, il est d’autant plus difficile d’envisager une hausse des cours, aussi, si l’on s’attarde sur les stocks de blé dans les fermes russes. Des stocks estimés à 22 Mt fin 2023 contre 14 Mt en décembre 2021, soit 8 Mt de plus. Avec ce volume : «les opérateurs russes ont besoin d’exporter».

La baisse de l’indice de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) en ce premier mois de l’année pourrait donc se poursuivre les semaines à venir. La note de la FAO publiée ce 2 février fait ressortir un recul de 18,6% des prix des céréales en janvier 2024 par rapport à décembre 2023.

Ainsi, les prix du blé à l’exportation ont baissé en janvier au niveau mondial, à la faveur d’une concurrence toujours forte entre les exportateurs, et de l’arrivée sur le marché de nouvelles récoltes dans les pays de l’hémisphère sud.

Les prix du maïs à l’exportation ont également fortement chuté par rapport au mois précédent, conséquence de l’amélioration des conditions de culture et du démarrage de la récolte en Argentine, ainsi que de l’augmentation des disponibilités aux Etats-Unis faisant suite à une révision à la hausse des estimations de production.

Tout comme les prix du blé et du maïs, les prix mondiaux de l’orge ont fléchi en janvier. Ce sont donc autant d’éléments qui viennent rassurer un tant soit peu les pays dépendants des importations en céréales, particulièrement ceux qui subissent de plein  fouet les effets des bouleversements climatiques, comme le c’est le cas pour l’Algérie et l’Egypte.

 

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