Malek Abdessalem : «Les mois de décembre et janvier étaient déficitaires»

06/02/2022 mis à jour: 06:53
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L’Algérie a connu ces derniers mois un épisode pluviométrique déficitaire malgré quelques précipitations en fin d’année dernière. «Les mois de septembre et octobre étaient déficitaires malgré un épisode pluvieux le 24 octobre. En novembre : moyen partout et très excédentaire sur le littoral centre, allant jusqu’à 3,5 fois les moyennes interannuelles (350 mm à Tizi Ouzou, 450 mm à Alger et même jusqu’à 700 mm sur les hauteurs à Bouzaréah). C’est pratiquement 50% du total annuel», constate Malek Abdessalem, docteur en hydrogéologie et directeur du Laboratoire des eaux de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO).

Les mois de décembre et janvier étaient également déficitaire, sauf à l’est du pays. «Les mois de décembre et janvier étaient déficitaires avec seulement un 1/3 des apports moyens de ces mois, sauf à Annaba», précise le Dr Abdessalem. Le taux de remplissage des 74 barrages en exploitation à travers le territoire national est resté faible : 36,24%, avec une réserve totale mobilisée de 2,57 milliards de mètres cubes, a précisé à la mi-décembre 2021 l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT).

«Sauf en novembre, il y a eu très peu d’alimentation des barrages, car les pluies sont tombées en aval et pas sur leurs bassins versants. Les barrages du Centre étaient à 1-2% de leurs capacités, leur remplissage a donné 29% (50 millions), à Taksebt 25%, à Keddara 35 millions (grâce au transfert de Beni Amrane).

Ces deux barrages sont exploités quotidiennement à moins de 50% des pompages de l’an dernier, ce qui permet le stockage actuel. Koudiat est à moins de 5%. Ceux de l’Est sont en baisse vu les faibles apports. Les prévisions pour février sont pessimistes, mais le mois de mars sera meilleur mais inférieur à la moyenne, tout comme avril où la hausse des températures provoquent plus d’évaporation», prédit le Dr Abdessalem.

La situation de stress hydrique de ces derniers mois a amené les pouvoirs publics à lancer des «plans d’urgence successifs» pour atténuer l’impact du manque de pluviométrie sur le programme de distribution.

«Dès l’apparition des premiers signes de stress hydrique, un certain nombre d’actions ont été initiées par le secteur sous forme de plans d’urgence successifs pour atténuer l’impact de la crise sur l’alimentation en eau potable des populations des 20 wilayas impactées, en fonction des niveaux de déficit qu’elles ont connu», a précisé Mustapha Chaouchi, conseiller à la communication auprès du ministère des Ressources en eau, en octobre dernier.

Ces actions englobent notamment la réalisation de nouveaux forages, acquisition de GEPI (pompes) et réhabilitation de sources. Autre opération à engager au centre du pays : récupération des écoulements qui vont arriver d’ici à juin 2022 et les stocker dans les nappes qui bordent le Sebaou et dans le barrage de Taksebt, en pompant dans les forages de grandes quantités pour l’AEP, suggère Malek Abdessalem.

«Des digues (seuils submersibles) stoppent ou ralentissent les écoulements, un plan d’eau se crée (réserve en surface) qui alimente les nappes de part et d’autre et que les forages pompent et qu’elle est filtrée par son sable.

L’eau est aussi dérivée à travers un canal vers un bassin de décantation puis pompée vers le Taksebt tout proche. Il faut avoir l’ambition de pomper des volumes stratégiques...» souligne le Dr Abdessalem, précisant que depuis novembre 2021, plus de 100 millions de mètres cubes d’eau se déversent en mer à Takdemt près de Dellys (Boumerdès). 

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