Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, a annulé son voyage au sommet des Amériques et s’est rendu en urgence à Bruxelles pour impliquer l’Union européenne dans la crise entre les deux pays, deux jours après que l’Algérie ait suspendu son traité d’amitié avec l’Espagne en réponse au changement de position de la Moncloa sur le Sahara occidental, pour rencontrer, Valdis Dombrovskis, commissaire européen au Commerce depuis 2020, et Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité depuis 2019.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a assuré vendredi, après avoir rencontré la Commission européenne à Bruxelles, que la décision «unilatérale» de l’Algérie de geler les relations commerciales avec l’Espagne «viole l’accord d’association» de ce pays avec l’Union européenne (UE). «Par conséquent, bien qu’elle s’adresse à l’Espagne, elle affecte le marché unique, les relations économiques et commerciales de l’Algérie avec l’Union européenne», a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, à la sortie de la réunion avec Dombrovskis à la Commission européenne. «Nous sommes des peuples amis, mais aussi souverains.
Nous sommes d’accord avec les institutions européennes pour défendre les entreprises espagnoles et européennes. Les compétences de la politique commerciale sont entre les mains de la Commission, mais l’Espagne souhaite qu’elles soient résolues le plus rapidement possible par le dialogue et les voies diplomatiques.
Et que les entreprises puissent reprendre leurs activités en toute normalité. Nous ne parlons pas de quelque chose que le gouvernement espagnol a fait, mais d’une décision prise par le gouvernement algérien. Le gouvernement espagnol n’a pas pris une seule décision concernant l’Algérie et n’a pas prononcé un seul mot qui provoque une escalade. Nous voulons avec l’Algérie une relation fondée sur l’amitié, le dialogue, le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures.
L’Espagne veut exactement les mêmes relations avec l’Algérie qu’avec tous ses voisins», a ajouté Albares.
Auparavant, Dombrovskis et le haut représentant pour la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, ont déclaré dans un communiqué que la Commission suit la crise avec «une grande inquiétude» et analyse les instructions d’Alger aux institutions financières pour arrêter les transactions entre les deux pays, qui semblent, à première vue, violer l’accord d’association UE-Algérie. «La décision prise par l’Algérie de suspendre le traité d’amitié et de bon voisinage signé avec l’Espagne en 2002 est extrêmement préoccupante», a affirmé la Commission européenne dans un communiqué de Dombrovskis et Borrell. «Nous évaluons les implications des actions de l’Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement.
Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un Etat membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union en vertu de l’accord», estiment-ilsBruxelles affirme que «l’Algérie est un partenaire important pour l’UE et en Méditerranée et un acteur clé pour la stabilité régionale.
Nous sommes convaincus que, au nom de notre partenariat solide et à long terme, une solution rapide sera trouvée pour rétablir pleinement les relations commerciales et d’investissement. Nous espérons qu’ils reconsidéreront cette décision et travailleront avec l’Espagne pour trouver une solution à ce différend. Nous sommes prêts et désireux de soutenir ces efforts».
Comme il fallait s’y attendre, l’Algérie n’a pas tardé à répondre, par la voix de sa représentation diplomatique à Bruxelles, au communiqué de la Commission européenne. Elle a notamment regretté la «précipitation» avec laquelle la Commission européenne s’est alignée du côté de l’Espagne.
Espagne
De notre correspondant Ali Aït Mouhoub