Macron en mission «apaisement»

22/08/2022 mis à jour: 01:53
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Du 25 au 27 août, Emmanuel Macron effectuera une visite officielle de trois jours dans notre pays, avec deux villes au menu : Alger et Oran. Sa dernière visite en Algérie remonte, rappelle-t-on, au 6 décembre 2017, soit il y a cinq ans, et elle n’avait duré qu’une douzaine d’heures. 
 

Autant dire que c’est une visite d’importance que celle que M. Macron s’apprête à entamer à Alger. Par sa durée, le séjour en dit long sur le désir du président français de mettre à profit ce déplacement avant tout pour tourner définitivement la page des tensions qui ont empoisonné les relations algéro-françaises après ses déclarations d’il y a presque une année, tenues exactement le 30 septembre 2021, où il avait fustigé un «système politico-militaire qui s’est construit sur une rente mémorielle», en parlant du pouvoir algérien, et où il s’interrogeait sur l’existence d’une nation algérienne «avant la colonisation française». Une sortie qui avait mis le feu aux poudres. On a frôlé la rupture des relations diplomatiques. Emmanuel Macron s’est employé par la suite à tempérer ses propos. 
 

Les relations se sont réchauffées peu à peu, notamment depuis la réélection du président français pour un second mandat. Il a échangé à plusieurs reprises avec Abdelmadjid Tebboune, depuis. Samedi dernier, il a téléphoné à M. Tebboune pour lui présenter ses condoléances suite aux incendies dévastateurs qui ont ravagé l’est du pays, faisant au moins 37 morts, et pour lui faire part de «la disponibilité de la France à fournir à l’Algérie des moyens terrestres et aériens pour y faire face», selon l’Elysée. Au cours de cet entretien téléphonique, les deux hommes n’ont pas manqué d’évoquer également la visite de jeudi prochain. 
 

Si rien n’a filtré sur l’agenda du chef de l’Etat français et les accords qui seront signés, il y a un certain nombre de sujets inéluctables qui seront probablement au menu des discussions. Parmi ces sujets, il y aura vraisemblablement le gaz, la sécurité régionale et la stabilité au Sahel, la coopération économique, l’éducation et, éventuellement, le dossier des Algériens en situation irrégulière en France et le problème des laissez-passer consulaires. Sans oublier le dossier mémoriel, à en croire la volonté formellement exprimée par l’Elysée de «poursuivre le travail d’apaisement des mémoires». 
 

Cette visite de trois jours – un calendrier exceptionnel à l’échelle du temps diplomatique – offre une précieuse opportunité aux deux parties pour prendre le temps de se parler, de dissiper les malentendus en se tenant un langage de vérité. Il ne faut pas la rater, même si on sait pertinemment qu’il y aura encore des orages, des petites phrases assassines, des surenchères, des résistances des deux côtés… Mais immédiatement là, il est important de saisir ce moment pour repartir du bon pied et œuvrer à construire une relation plus fructueuse et plus apaisée.

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