Macédoine du Nord : Les guitares à l’assaut des préjugés

25/12/2023 mis à jour: 19:06
AFP
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La Roma Rock School, comme son nom l’indique, s’adresse en priorité aux enfants de la minorité Rom, parmi les plus pauvres et stigmatisés. Les riffs résonnent dans la cage d’escaliers. Comme chaque jour, dans ce petit appartement de Skopje (Macédoine du Nord), la musique fait vibrer les murs et chasse, pour un instant, tristesse et discriminations. 

La Roma Rock School réunit des enfants de tous âges et de tous milieux pour leur apprendre à jouer, chanter et vivre ensemble dans ce petit pays des Balkans où coexistent de nombreuses minorités. «Tout est gratuit pour les étudiants», explique Alvin Salimovski, l’un des créateurs de l’école, née en 2017.

 «L’une de nos principales missions, c’est de briser les stéréotypes. Et je crois que l’une des façons les plus efficaces de faire çà, c’est à travers la musique». Comme son nom l’indique, l’école s’adresse en priorité aux enfants de la minorité Rom, parmi les plus pauvres et stigmatisés de Macédoine du nord. Parmi les discriminations qu’ils subissent, l’absence d’éducation et d’accès à l’art. Depuis 1966, seuls 13 Roms ont été diplômés de l’Université de musique de Skopje, souligne M. Salimovski. «En ce moment, on travaille avec des groupes mixtes - enfants d’origine rom et d’autres d’origine macédonienne», explique le fondateur. Au total, l’école accueille une soixantaine de jeunes de 10 à 19 ans qui jouent de divers instruments, de la guitare à la batterie, en passant par les instruments à vent. 
 

Après quelques années à jouer des reprises, les élèves s’émancipent et se mettent à interpréter leurs propres créations, parfois mâtinées d’influences Roms. Le directeur musical de la Roma Rock School, Nevrus Bajram, 30 ans, est le guitariste de l’un des groupes de hardcore métal le plus connu du pays, «Smut».Assis dans le petit studio où s’empilent les instruments, il passe du temps avec les étudiants, les conseille, tranchant avec l’image traditionnelle du professeur de musique strict. «On essaye de lever les barrières, on partage une vision: créer quelque chose de joyeux, quelque chose qui nous survivra».

 A cette fin, chaque année, les élèves jouent dans des festivals, partent en colonie, échangent avec d’autres apprentis musiciens...  Gjulizar Kadri, âgé de 16 ans, ne compte plus les nouvelles amitiés que l’école lui a permis de nouer. «On fait des chansons, on est bien. On est là pour ça, pour l’amitié, la musique, et apprendre de nouvelles choses», résume-t-il.  

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