Ils étaient une centaine du lycée en question qui se sont donné rendez-vous au siège de l’établissement de l’enseignement secondaire pour des retrouvailles après une séparation qui aura duré une cinquantaine d’années pour certains.
On dit que la nostalgie revient quand le présent n’est pas à la hauteur du passé.» Cette citation semble être valable pour les anciens du lycée El Feth de Blida, lesquels ne cessent de partager leurs souvenirs de ce qu’ils qualifient de «la belle époque !» pour fuir ce monde actuel de brutes.
D’ailleurs, et il y a une quinzaine de jours, ils étaient une centaine du lycée en question qui se sont donné rendez-vous au siège de l’établissement de l’enseignement secondaire pour des retrouvailles après une séparation qui aura duré une cinquantaine d’années pour certains.
Les sourires innocents accompagnaient les larmes de joie et d’émotion ce jour assez particulier, où certains présents sont âgés aujourd’hui d’environ 80 ans. C’était aussi une occasion de rendre hommage aux enseignants et autre personnel pédagogique et administratif qui ont tant donné à l’éducation des élèves.
Le choix symbolique s’est porté sur Mme Habri, une ancienne surveillante générale du lycée, connue pour son sens de la rigueur et de la discipline. «A l’honneur de cette merveilleuse rencontre, Mme Mériem Habri, une femme exceptionnelle, un pilier indétrônable du lycée El Feth. Durant plusieurs décennies, elle a marqué et impressionné des générations d’élèves et d’enseignants, par son charisme, sa rigueur, sa bonté et son professionnalisme», témoigne une ancienne du lycée.
Un hommage à titre posthume a été aussi rendu à M. Boussalah, ancien proviseur du lycée, «un travailleur à l’ombre qui a su gérer le lycée pendant plus de 20 ans. Sa rigueur, sa droiture, sa disponibilité et son professionnalisme nous ont marqués», insiste- t-on.
Le lycée El Feth, qui accueillait des élèves de toute la région centre du pays et des Hauts-Plateaux grâce à son internat, est plus qu’un lycée, mais une institution qui a vu défiler sur ses bancs plusieurs personnalités connues à l’échelle nationale, voire mondiale, comme c’est le cas de la célèbre écrivaine Assia Djebar.
Sur le groupe Facebook des anciens du lycée, celle qui est considérée, jusque-là, comme l’une des doyennes écrit après la rencontre : «J’ai été interne au lycée de filles de Blida d’octobre 1959 à juin 1966. Je l’ai donc fréquenté avant l’indépendance en tant que lycée Jean de la Fontaine. Après l’indépendance, d’octobre 1962 à juin 1963, il était encore lycée français et mixte pour la première fois...
Puis il est devenu lycée El Feth à la rentrée de l’année scolaire 1963-64 et de nouveau lycée de filles uniquement. A l’âge avancé qui est le mien aujourd’hui, je peux dire que ce fut les plus belles années de ma vie. Je suis d’ailleurs très heureuse de cette initiative que vous prenez (...) car vous avez pensé à y associer des générations antérieures.
Ce mélange de générations peut en effet déboucher sur des échanges très enrichissants (...) Je vous remercie et souhaite plein succès à cette initiative.» Et une autre d’ajouter avec émotion : «Notre mythique lycée... quelle nostalgie ! Nos plus belles années hélas derrière nous ! J’en garde tous les souvenirs... les meilleurs ! Excellente initiative... tous mes encouragements afin d’exhumer notre lycée de l’oubli...»
Certains vivent à l’étranger depuis des décennies mais gardent toujours une partie de leur cœur au lycée ! «J’y étais de 66 à 73, collège et lycée, mon année de terminale bac 72/73, j’étais élève en terminale et pionne d’internat. J’avais les internes de 1re (...). Après mon bac juin 73, j’ai quitté Blida et l’Algérie, mais je suis toujours arrimée de coin. Je ne suis pas la doyenne, mais j’y ai laissé des traces. Au plaisir de retrouver mes semblables des années folles.» Des anciennes élèves (le lycée n’est devenu mixte qu’à partir des années 80) semblent éprouver beaucoup de plaisir à citer leurs enseignants et leur rendre hommage plus de quarante ans après leur scolarité.
«Je me souviens de certains enseignants d’origine étrangère qui étaient au lycée après l’indépendance du pays, comme Mme Billard, M. Girard, Melle Rouvière, Mme Clergue, Mme Ferrot, Mme Caratini, Mme Nolibois, Melle Cazagou, M. Polkovnikov, dommage que nous n’ayons aucune nouvelle d’eux...», regrette une ancienne «fethienne» aujourd’hui retraitée. A partir des années 1980, la plupart des enseignants étaient Algériens, et les coopérants avaient regagné, dans leur majorité, leur pays d’origine.
Une autre lycéenne (1980/1981) rend hommage à ses profs de cette époque, et cite Melle Lakhdhari (français), Melle Ladjel (anglais), Mme Mesk M. Zenaidi (sciences naturelles), Melle Ouloulou (prof de maths), M. Ait Messaoudene (histoire-géo), M. Semmane (physique), Mme Meguelati (couture) et Melle Djellato (éducation physique). «Quelle belle époque. On étudiait et on apprenait avec plaisir et dans une belle atmosphère ! Dommage que cela ne soit plus le cas aujourd’hui !» regrette-t-on.
Côté record, une enseignante d’éducation physique ayant franchi, quasiment au quotidien, le seuil de la porte de l’établissement pendant quarante ans lance son qui dit mieux ! «Elève années soixante ensuite prof d’éducation physique et sportive années soixante-dix jusqu’en deux mille seize record battu au lycée El Feth je crois, qui dit mieux !» L’une des initiatrices des rencontres des anciens du lycée El Feth (Sabrina Nehab) continue d’agrandir le cercle et lance un appel à toute personne concernée par «l’esprit El Feth» de la contacter au numéro réservé à cet effet.