Lutte contre l’immigration clandestine : La colère de la Tunisie contre l’UE

05/10/2023 mis à jour: 01:19
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Photo : D. R.

La Tunisie refuse de prendre les modestes fonds dégagés par l’Union européenne (UE) pour l’assister dans sa lutte contre les flux migratoires. «La Tunisie qui accepte la coopération, n’accepte pas tout ce qui s’apparente à de la charité ou à de la faveur», a déclaré, lundi, le président tunisien, Kaïs Saïed, assurant que la Tunisie et son peuple «ne veulent pas de la sympathie et ne l’acceptent pas quand elle est sans respect». «Par conséquence, la Tunisie refuse ce qui a été annoncé ces derniers jours par l’UE», a conclu M. Saïed.

Ce coup de colère du président tunisien intervient après l’annonce du montant de l’enveloppe financière que la commission de l’UE s’apprêtait à verser à Tunis, dans le cadre de l’accord portant sur la lutte contre l’immigration clandestine conclu entre les deux parties en juillet dernier.

Cet accord prévoyait une contribution de l’UE à cet effort de lutte à travers le versement au gouvernement tunisien de 105 millions d’euros. Mais la commission de l’UE allait verser quelque 42 millions d’euros. Une proposition qui va, selon le gouvernement tunisien, à l’encontre de « l’accord signé à Tunis», mais aussi de «l’esprit qui a régné lors de la conférence de Rome en juillet».

Tunis exige désormais de l’UE une coopération sérieuse, si elle veut juguler le phénomène de l’immigration clandestine en stoppant l’arrivée massive de migrants sur le sol européen. L’aide annoncée par la commission européenne devait servir à la fois à la réhabilitation de bateaux utilisés par les garde-côtes tunisiens, à la coopération avec des organisations internationales dédiées à la protection des migrants ainsi qu’aux opérations de retour des migrants depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine.

La Tunisie semble ainsi s’élever contre ce qui s’apparenterait à la politique de deux poids deux mesures de l’Union européenne sur la question du contrôle des flux migratoires. En effet, l’UE est en train de discuter d’une éventuelle reconduction de son accord migratoire signé en 2015 avec la Turquie. Cet accord prévoyait une aide financière globale de 6 milliards d’euros à la Turquie qui s’est engagée, en contrepartie, à retenir les migrants clandestins et les réfugiés sur son territoire.

L’UE voulait faire la même chose avec la Tunisie, mais visiblement à moindre coût. Il faut souligner que la Tunisie fait face à l’afflux de migrants clandestins, essentiellement subsahariens, avec ses modestes moyens depuis de longs mois. Et ce n’est qu’une fois des pays de la rive nord de la Méditerranée, comme l’Italie, ont été durement touchés par ce phénomène que l’UE a réagi. Les migrants clandestins, faut-il le rappeler, fuient les zones de conflits et la pauvreté en Afrique, plus particulièrement dans le Sahel.


 

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