Lutte contre le cancer du sein : Les oncologues plaident pour l’organisation de vastes campagnes de dépistage

29/10/2023 mis à jour: 17:00
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Le Pr Oukkal parle d’une véritable pandémie qui touche des milliers de femmes chaque année en Algérie ( photo : El Watan-Boumerdès )

Le dépistage est le meilleur moyen de réduire le taux d’incidence du cancer du sein en Algérie. C’est ce qu’ont laissé entendre les participants à la journée d’étude sur cette maladie organisée, hier, par l’association Errahma à l’école paramédicale de Boumerdès. 

Le Pr Oukkal, chef de service oncologie au CHU de Beni Messous, parle d’une véritable pandémie qui touche des milliers de femmes chaque année en Algérie. Les chiffres font froid dans le dos. «Nous enregistrons une moyenne de 14 000 nouveaux cas par an.  Soit 30% des cancers dénombrés chaque année à l’échelle nationale», précise-t-il. 

L’intervenant estime que le moyen le plus efficace de contrecarrer cette maladie est la multiplication des campagnes de dépistage. «C’était la première recommandation du plan anti-cancer, mais cela n’est pas appliqué dans les faits», a-t-il déploré. 

Selon lui,  l’Algérie doit organiser une vaste campagne de dépistage chaque deux ans. La réussite d’une telle opération nécessite la mobilisation de beaucoup de moyens et l’implication de plusieurs secteurs, dit-il. «La lutte doit se faire en amont. Cela permettrait non seulement de préserver des vies mais aussi de réduire le coût de prise en charge des malades. 

Une séance de chimiothérapie coûte entre 10 000 et 1 million de dinars au Trésor public», a-t-il indiqué, précisant que le patient a 95% de chance de guérison, quand la maladie est découverte à un stade précoce. Interrogé sur les facteurs de risque, il rappelle que ce type de cancer  augmente avec l’amélioration des conditions de vie, contrairement au cancer de l’utérus, très fréquent dans les pays sous-développés. 

Le Pr Kamel Bouzid, lui, aborde le rôle du médecin généraliste, précisant qu’il est la pierre angulaire dans le dépistage de la maladie. «Les médecins doivent ausculter les seins à nu, pas sur la djellaba. Cette dernière technique est une aberration surtout quand on sait que 95% du personnel médical sont des femmes», a-t-il martelé. Tout en déplorant le manque de radiologues dans les structures de santé publique, M. Bouzid estime inutile de recommander des mammographies aux patientes de moins de 40 ans. Avant cet âge, cet examen fait très mal au patient, en plus il est difficile à interpréter, argue-t-il. 

Abordant les facteurs de risque, le Dr Zaidi les divise en deux catégories. «D’abord il y a les facteurs dont on n’a aucune emprise, citant les prédispositions génétiques, la contraception hormonale, l’irradiation, l’interruption des grossesses, la ménopause tardive, l’absence d’allaitement, la contraception hormonale, etc. Les autres facteurs sont connus de tous. On parle surtout de l’addiction au tabac, l’alcool, l’obésité, la sédentarité, la mauvaise alimentation…» a-t-elle détaillé. 

Le Pr A. Pouchkar du CPMC aborde le volet anatomopathologie du traitement du cancer du sein. Elle évoque l’importance de respecter les règles de conservation et de transport des pièces opératoires pour l’obtention de résultats fiables et garantir un traitement adéquat aux malades. La pièce doit être bien fixée, morcelée et contenir du formol en quantité suffisante, sinon on risque de se tromper de diagnostic et du protocole de traitement à prescrire, a-t-elle argué. 

«Une fois enlevée, la tumeur doit être transportée sans tarder au laboratoire d’anapath. Elle doit être placée dans un récipient adapté et être tranchée au regard du foyer tumoral», a-t-elle ajouté, précisant que beaucoup de tests ne sont pas effectués en Algérie, faute de moyens. Le laboratoire d’anapath du CPMC effectue, selon elle, 7000 prélèvements par an, d’où la nécessité de renforcer et moderniser ses équipements afin de minimiser les délais d’attente des patients. 

A noter que d’autres communications ont été présentées au cours de la même journée. Le Dr Bendoumi et le Pr Benzidane ont parlé de la chirurgie du cancer du sein, le Dr Abed Benmelha de l'hormonothérapie tandis que les Drs Belabdi et Bouzit ont abordé la chimiothérapie, la thérapie ciblée ainsi que la gestion des toxicités des TRT de la même maladie.
 

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