Lutte contre la cybercriminalité : Analyse du traité sur la cybersécurité de l’ONU et de la position de l’Algérie

24/08/2024 mis à jour: 00:27
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Photo : D. R.

Par Dr Ali Kahlane

La cybersécurité est devenue une priorité absolue pour les nations du monde entier. Avec l’augmentation des crimes en ligne, allant du vol d’identité au piratage, en passant par le blanchiment d’argent et la pédopornographie, les gouvernements cherchent à mettre en place des cadres législatifs et des conventions internationales pour lutter contre ces menaces.

Cet article examine les principales conventions internationales sur la cybercriminalité, en mettant un accent particulier sur la récente Convention des Nations unies de 2024, qui a été officiellement approuvée le 8 août 2024. Nous explorons également la position de l’Algérie dans ce contexte, son rôle dans la ratification de ces traités, et les implications pour sa politique nationale de cybersécurité.

La Cybercriminalité : Un Défi Mondial

La cybercriminalité est l’une des menaces les plus pressantes du 21e siècle. Elle englobe une variété d’activités illégales qui utilisent les technologies numériques comme vecteur principal.

Ces activités incluent le piratage informatique, le vol d’identité, les fraudes financières, la distribution de contenus illégaux, et bien plus encore. Les criminels exploitent les failles des systèmes informatiques pour voler des informations sensibles, perturber des services et extorquer de l’argent.

L’importance de la cybercriminalité ne se limite pas aux pertes financières. Les cyber-attaques peuvent déstabiliser des gouvernements, menacer la sécurité nationale et violer les droits humains fondamentaux, tels que la vie privée et la liberté d’expression. C’est pourquoi la communauté internationale a cherché à élaborer des conventions pour harmoniser les législations nationales et renforcer la coopération entre les pays.

Les Conventions Internationales sur la Cybercriminalité

Plusieurs conventions et traités internationaux ont été développés pour lutter contre la cybercriminalité. Chaque convention a ses propres objectifs, portée et mécanismes d’application. Nous allons explorer les principales d’entre elles et leur application dans le contexte algérien.

La Position de l’Algérie dans le Contexte International

L’Algérie a montré un engagement croissant envers la cybersécurité, comme en témoigne sa participation à diverses conventions internationales. Cependant, sa position vis-à-vis de certains traités majeurs reste complexe.

1. La Convention de Budapest

L’Algérie n’a ni signé ni ratifié la Convention de Budapest. Cela peut s’expliquer par le fait que cette convention, bien qu’internationale, reste principalement dominée par des pays européens et des alliés comme les États-Unis. L’Algérie, comme beaucoup de pays non occidentaux, a pu percevoir cette convention comme trop centrée sur les intérêts des nations occidentales.

2. La Convention de Malabo

L’Algérie a signé et ratifié la Convention de Malabo en 2018. Cette ratification reflète l’engagement du pays à se conformer aux standards régionaux africains en matière de cybersécurité et de protection des données personnelles.

La Convention de Malabo est perçue comme un cadre plus pertinent pour les réalités africaines, et l’Algérie y voit un outil pour renforcer ses capacités nationales en matière de lutte contre la cybercriminalité.

3. La Convention des Nations unies sur la cybercriminalité

L’Algérie est en attente de signature et de ratification de cette convention, prévue pour 2024. 
Compte tenu du rôle diplomatique actif que le pays a joué dans les négociations de cette convention, il est probable que l’Algérie la ratifie rapidement une fois adoptée.

Cette convention offre à l’Algérie une opportunité de renforcer sa position sur la scène internationale tout en alignant ses efforts nationaux avec les normes mondiales.

Les Défis et Opportunités pour l’Algérie

La participation de l’Algérie à ces conventions internationales présente à la fois des opportunités et des défis.
Opportunités :
1. Renforcement des capacités nationales : La participation à des conventions internationales, en particulier celles qui incluent des dispositions pour l’assistance technique, offre à l’Algérie des ressources pour améliorer ses capacités en matière de cybersécurité.
2. Positionnement diplomatique : en jouant un rôle actif dans les négociations internationales, comme celles pour la Convention des Nations unies, l’Algérie renforce sa position diplomatique et peut influencer l’élaboration de normes globales.
3. Protection des données et des infrastructures critiques : Les conventions comme celle de Malabo permettent à l’Algérie de mettre en place des cadres législatifs robustes pour protéger ses infrastructures numériques et les données personnelles de ses citoyens.

Défis :

1. Risque de surveillance accrue : la ratification de certaines conventions pourrait légitimer des pratiques de surveillance étatique qui pourraient menacer les libertés individuelles et la vie privée.
2. Mise en œuvre des lois : bien que l’Algérie ait ratifié certaines conventions, la mise en œuvre effective des lois peut être un défi, en raison de ressources limitées ou de manque de coordination inter-institutions.
3. Équilibre entre sécurité et droits humains : Comme pour la Convention des Nations unies, l’Algérie doit naviguer entre les exigences de sécurité nationale et la protection des droits humains, un équilibre qui n’est pas toujours facile à maintenir.

Conclusion

La cybercriminalité reste un défi majeur pour les gouvernements du monde entier, et les conventions internationales jouent un rôle crucial dans la coordination des efforts pour lutter contre ces menaces.

L’Algérie, par son engagement envers des traités comme la Convention de Malabo et potentiellement la Convention des Nations unies sur la Cybercriminalité, montre sa volonté de se conformer aux normes internationales tout en protégeant ses propres intérêts nationaux.

Cependant, la mise en œuvre de ces conventions nécessitera une vigilance constante pour éviter les abus potentiels et assurer un équilibre entre la sécurité et les droits humains.

Alors que l’Algérie continue de développer ses infrastructures numériques, elle devra également renforcer ses capacités pour appliquer ces cadres législatifs de manière efficace et juste.

L’avenir de la cybersécurité en Algérie dépendra non seulement de ses engagements internationaux, mais aussi de sa capacité à intégrer ces normes dans sa législation nationale tout en protégeant les droits et libertés de ses citoyens.

 

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