L’urgence d’une radioscopie

07/10/2023 mis à jour: 06:20
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L’incident survenu dimanche dernier à l’hôpital de Bouira, où une panne électrique a entraîné le décès d’une patiente en réanimation, a suscité beaucoup d’émotion et soulevé des interrogations sur la gestion
et l’état du secteur. 

Un douloureux épisode symptomatique d’un mal qui commande d’être traité en profondeur en mobilisant le temps et les moyens nécessaires. Les épiphénomènes doublés d’une phobie aiguë, à l’image du vacarme entourant la question des «insectes nuisibles», ne doivent pas voiler des dossiers urgents et lancinants. 

Au sujet du même problème de fiabilité des installations électriques, qui ne devrait en principe pas concerner les infrastructures de santé, les signaux d’alerte risquent de ne pas s’estomper si le dossier n’est pas pris en charge d’une façon énergique par les autorités compétentes. 

Dans un Centre anti-cancer inauguré en 2019 à l’ouest du pays, un praticien a signalé ces derniers jours des «coupures d’électricité récurrentes qui paralysent les séances de soins, des perturbations des lignes électriques reliées au service de radiologie, pas de contrat de maintenance instantanée...»
 

A l’heure où c’est plutôt l’état de la pelouse des nouveaux stades de football qui focalise les débats, il serait temps de rediriger l’attention générale vers des secteurs autrement plus névralgiques. La radioscopie du système de santé publique est une véritable urgence. 

La première disposition à prendre est d’éviter la multiplication des intervenants dans l’examen des dossiers liés à des incidents et des dysfonctionnements, la seule chaîne de gestion et donc de responsabilité étant celle du directeur de l’hôpital, la direction de wilaya de la santé et le ministère de tutelle. Il serait alors simple de déterminer à quel niveau le cheminement des requêtes s’est arrêté. Le courrier des gestionnaires des structures locales connaît parfois le même sort que celui des simples citoyens saisissant des responsables d’administration.
La probabilité d’une réponse et d’une réaction est aléatoire.
 

Les commissions d’inspection des établissements hospitaliers, annoncées en mars dernier, ont un rôle déterminant dans la démarche de réhabilitation et de renforcement du secteur de la santé. Elles ont vocation à recueillir les informations à la base et à en établir un état des lieux de visu. Les gestionnaires et le personnel médical sont à même de présenter avec exactitude la situation des structures et des services dont ils ont la charge. Les rapports sont alors transmis aux centres de décision sans délai ni adaptation.
 

La rencontre des malades et de leurs familles a également son importance pour confronter les données officielles à la réalité du terrain et au niveau de la prise en charge des patients, qui est la finalité de tout programme de réforme hospitalière. Le degré de concrétisation du projet de numérisation du secteur de la santé mérite ainsi d’être connu pour que les citoyens intègrent cette avancée susceptible d’amoindrir leurs soucis qui ne doivent pas s’ajouter à la maladie. Alors que la généralisation de la numérisation était prévue en juin dernier, des échos préviennent que le mode de gestion n’a qu’imperceptiblement changé depuis des années.

Pour la pose d’un stimulateur cardiaque au CHU, le malade, qui n’est donc pas trop disposé aux nombreux déplacements, est tenu de récupérer en main propre le document de prise en charge délivré par l’hôpital où il était admis initialement. 

Si la connexion électronique, pas seulement administrative, n’est pas assurée entre hôpitaux d’une même wilaya, il serait prématuré d’annoncer que le patient pourra désormais disposer de son dossier médical sur un CD ou une clé USB. Cela est, du reste, porteur d’une menace virale, au sens informatique s’entend, ce qui peut entraîner autant de dégâts qu’une panne électrique.

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