C’est une alerte que les spécialistes en ophtalmologie lancent aux pouvoir publics pour mieux cerner le marché des verres solaires, surtout que cela a un impact direct sur la santé des consommateurs. Porter des lunettes de soleil de mauvaise qualité est en effet encore plus dangereux pour les yeux.
Un verre foncé n’est pas forcément protecteur et il peut même avoir un effet inverse. Et c’est cette problématique qui a été débattue lors des 2es Journées nationales sur les lunettes de soleil, organisées jeudi à Alger par l’institut privé d’optométrie de Ouled Fayet INOOF, en collaboration avec l’Organisation algérienne de protection et d’orientation de consommateur et son environnement (Apoce) et le Syndicat national des optométristes et opticiens lunetterie (Snapaoo).
Que se passerait-il en cas de port de verre teinté contrefait ou de mauvaise qualité ? Il favorise la dilatation de la pupille, il laissera pénétrer encore plus d'UV, dégradant irrémédiablement le capital solaire et visuel, selon l’ophtalmologiste le Pr Abdelkader Messad. Ce genre de verre peut entraîner aussi, selon les spécialistes, l’apparition de cataracte, des maux de tête et une fatigue visuelle.
Des problèmes incalculables sont détectés, confirment-ils, à cause de ces verres qui continuent d’inonder le marché local. Mais comment peut-on détecter les bons des mauvais verres, les vrais des faux ? Aucun moyen ou outil n’est à la disposition du consommateur, à l’exception d’une bonne sensibilisation pour les acquérir auprès des opticiens agréés et connaisseurs.
Or, l’état des lieux des optométristes et opticiens lunetterie en Algérie est aussi inquiétant. Statistiquement, dans environ 40 wilayas, le SNAPAOO a recensé 2750 opticiens optométristes agréés et plus de 600 «faux opticiens» ! Ces derniers exercent le métier sans l’agrément préalable du ministère de la Santé. Et ce sont les codes 512 et 613 qui portent justement préjudice à la profession, selon Sofiane Saiah, président du SNAPAOO. Ces codes permettent la vente en détail de lunettes non médicales.
Et un vide juridique s’est installé permettant ainsi aux commerçants de profiter de la situation en mettant le mot «optique» sur leurs enseignes. Autrement dit, on peut retrouver la même qualité de verre vendu au marché sur chez ces opticiens. Et c’est là tout l’amalgame et la confusion auxquels fait face le consommateur qui croit avoir acheté des verres de bonne qualité, surtout que leurs prix sont exorbitants.
Le syndicat a interpellé les ministères du Commerce, de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique pour «stopper cette anarchie». La solution est surtout de mettre en place un système de traçabilité des verres, notamment importés, pour assurer aux consommateurs un produit soft pour sa santé, selon Zakaria Thabti, ophtalmologique et fondateur d’INOOF, qui insiste sur la nécessité de «régulariser et assainir en urgence le métier d’opticien». Les services douaniers, quant à eux, ont saisi, au premier trimestre de 2024, 11 660 paires de lunettes de soleil contrefaites.
Les mêmes services traitent, selon la représentante, intervenue lors des débats de ces journées, les demandes interventions pour la protection de marques et des bulletins d’alerte sont diffusés pour les services opérationnels. Des bulletins d’alerte sont élaborés par les Douanes qui reçoivent régulièrement des alertes de marques. En attendant des solutions, le consommateur, mis en danger, est appelé à être plus prudent.