Lotissement Sidi Amor à Ibn Badis (Constantine) : Une zone d’ombre résidentielle

30/05/2023 mis à jour: 12:03
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Par une journée ensoleillée du mois de mai, après une semaine de froid et de pluies, nous avons pris la route vers le lotissement de Sidi Amor, situé entre les communes d’El Khroub et Ibn Badis (El Haria), à environ 25 km au sud-est de Constantine. Un lieu calme, paisible et surtout propre. 

Nous passons par l’entrée principale goudronnée, constatant que toutes les maisons sont raccordées aux réseaux de gaz et d’électricité et alimentées en eau potable. Des maisons en R+1 sont mises en vente. Les prix varient en fonction de la superficie et la proximité avec la RN20, menant vers Constantine au nord-ouest. Hélas, en avançant dans cette petite localité, la réalité se cachait à quelques mètres de là, où s’arrête le «maquillage» camouflant les images des véritables problèmes. 

«Comment avez-vous pensé à nous rendre visite aujourd’hui. Nous sommes plongés dans les oubliettes depuis des années», a ironisé un père de famille venu à notre rencontre. Il s’est improvisé en guide pour nous accompagner dans cette localité, car apprenant que nous étions journalistes, il a décidé de nous montrer le vrai visage de la localité de Sidi Amor. Dans cette dernière, de nombreuses commodités manquent, notamment les infrastructures de base. 

La première chose à dénoncer était le défaut d’aménagement des accès à l’intérieur du lotissement. Durant la saison des pluies, les passages deviennent impraticables. Evoquant l’historique de ce lotissement, des riverains que nous avons rencontrés affirment qu’il a été créé en 1988. 

«A l’époque, nous avons acheté ces lots de terrain appartenant à la commune d’El Khroub. Puis après un nouveau plan, les lieux ont été rattachés à la commune d’El Haria dans les années 2000, si je ne me trompe pas», a témoigné notre guide. Et de poursuivre que durant plus de 30 ans d’existence, ces lieux ont été privés de projets nécessaires pour améliorer leur cadre de vie. Il fallait, ajoute-t-il, tout réclamer y compris pour les moindres réalisations afin de satisfaire leurs besoins. 

Pas de transport scolaire

Les habitants de Sidi Amor n’ont pas manqué de pointer du doigt l’absence de planification de la part des autorités locales pour prévoir des programmes de développement au profit de la population à court, moyen et long terme. Des prévisions fondées sur des études qui prennent en compte l’évolution démographique et urbaine dans cette localité, sachant que cet endroit compte environ 400 parcelles. Sur plus de 300 d’entre elles, on a réalisé des constructions en R+1 jusqu’à R+3. Ceci dit, au minimum, 300 familles habitent les lieux. 

«Au début, on était classés comme zone d’ombre. Par la suite, il y a eu les raccordements ainsi que le pseudo aménagement de la route principale du lotissement. Une manière d’embellir la façade et montrer aux autorités que tout est bien. Mais comme le vous voyez le goudronnage s’arrête à quelques mètres de marche. Regardez ! Aucun aménagement n’a été réalisé entre les maisons dans la partie supérieure du lotissement. Rien depuis 30 ans», a fulminé notre interlocuteur. Et de poursuivre que la situation se complique en hiver, en particulier pour les lycéens et les collégiens. Ces adolescents se trouvent contraints de prendre un raccourci à haut risque pour rejoindre leurs établissements scolaires à la cité de Massinissa. «Il leur est arrivé, lors des intempéries, de sécher les cours avec le consentement des parents, qui ne peuvent pas les accompagner. 

Tout cela pour éviter les agressions et autres dangers. Malgré cela, les élèves se rendent à leurs établissements en traversant une route séparant notre lotissement de la cité Massinissa à El Khroub. Mais le gros problème se pose au niveau du premier cycle», souligne notre guide. En faisant le tour du lotissement, nous avons remarqué qu’il n’y a aucune école primaire. Seule une association a pris l’initiative d’enseigner le coran, dans un siège inachevé. 

Comment font les parents ? Ce sont souvent les mamans qui s’en chargent, selon les témoignages recueillis. Elles accompagnent les enfants à l’école et les attendent parfois toute la journée. «Il n’y a pas de transport scolaire, les parents en souffrent. Pour accompagner leurs enfants, ils se trouvent contraints d’attendre le transport urbain en l’absence d’abri de bus. Cela sans parler des aires de jeux ou autre. On ne cherche pas le luxe. Pourtant vous pouvez constater de visu que ce ne sont pas les terrains qui manquent», dira notre guide. Et de renchérir qu’au lieu de réaliser une école, la commune avait construit une salle de soins. 

Les citernes pour s’approvisionner en eau

Cette dernière livrée en 2021 n’a jamais été opérationnelle, faisant l’objet de plusieurs actes de vandalisme. Des délinquants ont cambriolé les lieux, volant en particulier les fenêtres et les portes. La structure complètement abandonnée n’était pas alimentée en eau ni raccordée au réseau d’électricité. «On vient d’effectuer le raccordement. Heureusement que les services de la commune ont récupéré la chaudière avant qu’elle soit volée. Il était préférable de transformer cette salle en école. 

Ce n’était pas une urgence, au moment où la polyclinique de Massinissa se trouve à quelques mètres», ont fait savoir les habitants. Ces derniers ont soulevé aussi le problème de l’eau. Ils affirment que celle qui leur est desservie un jour sur deux est pleine de calcaire.  Les habitants ont recours aux citernes pour s’approvisionner en eau. «On est contraint à chaque fois de changer les robinets, les conduites et autres à cause du taux élevé de calcaire. 

À part le ménage, on ne boit jamais l’eau des conduites. On l’achète. C’est une double facture pour nous», a conclu un des citoyens. La situation est affligeante. En 30 ans, les responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya ou de la commune n’ont pas pensé à satisfaire les revendications des habitants et assurer les moindres commodités. 

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