L’organisation d’événements sportifs : Win to win ?

10/01/2023 mis à jour: 04:36
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Les rapports et bilans financiers publiés régulièrement par les Fédérations internationales sont édifiants sur certains aspects, comme par exemple, la quote-part qui revient aux pays qui abritent les compétitions sportives et plus particulièrement ceux qui ne sont pas classés dans la colonne des pays riches. Les documents révèlent beaucoup de choses pas toujours réjouissantes. La FIFA, à titre d’exemple, a annoncé des rentrées d’argent importantes à l’issue de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Elle a avancé un chiffre renversant. Les bénéfices engrangés durant l’exercice 2019-2022 se chiffreraient à une dizaine de milliards de dollars. Il y a quelques jours, l’instance faîtière du football mondial a publié un rapport dans lequel elle a indiqué les montants versés dans ses comptes au cours des dernières semaines, selon des confrères égyptiens qui ont consulté le document. Il fait état d’une rentrée nette de 3,3 milliards de dollars représentant la vente des droits de retransmission de la dernière Coupe du monde au Qatar. Les droits de commercialisation des différents produits ont atteint 1,8 milliard de dollars. La vente des billets de matches et d’autres segments de l’événement ont fait rentrer 1, 111 milliard de dollars dans les comptes de la FIFA. A titre comparatif, la Confédération africaine de football (CAF) a encaissé 68 millions de dollars au titre de la vente des droits de retransmission de la CAN-2019 en Egypte. Sur ce plan et comme l’indiquent les chiffres, la Confédération est très loin derrière la FIFA. Des fédérations de sports collectifs, à l’instar de celle du handball, s’en sortent bien par rapport à la notoriété de leur discipline et des moyens grâce auxquels elles se maintiennent en vie. L’IHF (Fédération internationale de handball) a encaissé 32 millions de dollars de bénéfices à l’occasion du Mondial organisé en France en 2017. Les éditions suivantes en Allemagne et au Danemark n’étaient pas loin. Ces chiffres et sommes lèvent le voile sur des aspects méconnus sur beaucoup de chapitres liés à l’organisation des grands événements sportifs. Sont-ils gagnant-gagnant entre les pays organisateurs et les Fédérations internationales propriétaires des compétitions ? Pas du tout. Les premiers bénéficiaires sont les Fédérations internationales, à l’image de la FIFA qui crève le plafond à chaque édition de la Coupe du monde. Ses gains sont faramineux. Prenons le cas de la CAF et de l’Egypte, pays organisateur de la CAN-2019. Le bilan financier de la Confédération, pour l’année indiquée, fait état d’un bénéfice net de 68 millions de dollars. Des médias égyptiens ont affirmé que leur pays n’a réalisé aucun bénéfice sur le plan financier. Les pays africains sont tous placés à la même enseigne. Lorsqu’ils organisent une grande compétition continentale, ils ne gagnent rien, ou peu. Le propriétaire de la compétition touche bien des dividendes au contraire du pays qui a mis à sa disposition les infrastructures sportives et toutes les installations y afférentes, construites grâce au budget de l’État. Le seul profit du pays organisateur ne dépasse pas la satisfaction morale que tout s’est bien passé. Cela ne changera pas tant que les Fédérations internationales et les confédérations garderont la haute main dans ce domaine. Ce sont eux qui gèrent le portefeuille des droits de retransmission des compétitions, le marketing, le sponsoring, la billetterie et les dérivés prennent la part du lion et abandonnent les miettes aux pays organisateurs qui ne sont pas des puissances économiques, militaires… Faut-il rappeler que les taxes, impôts et tout ce qui a trait à ce domaine financier sont à la charge exclusive du pays organisateur. Il est temps peut-être de revoir ce modèle qui profite aux grandes  instances et laisse appauvrir les pays organisateurs (surtout africains). La lecture des bilans dressés en fin de compétition laisse apparaître beaucoup de points qui méritent réflexion comme ceux que font supporter les fédérations concernées aux pays organisateurs de tournois, championnats et compétitions, à savoir les dépenses journalières octroyées aux participants, tous corps confondus, les primes et récompenses versées aux travailleurs et représentants, la confection de la billetterie, l’hébergement, le transport sur place et bien d’autres choses. C’est toujours l’Etat et les caisses du Trésor public qui soldent toutes les dépenses.

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