L’alliance des pays producteurs de pétrole OPEP+ a décidé de maintenir inchangée sa politique de production pétrolière.
A l’issue d’une réunion des principaux ministres de l’Organisation dans le cadre du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), l’OPEP+ affirme, dans un communiqué, que «l’élimination de la réduction progressive de la production pétrolière pourrait être suspendue ou inversée, en fonction du marché».
Pour rappel, lors de la réunion de juin dernier, les pays membres s’étaient engagés en faveur d’une prolongation de la réduction volontaire de la production pétrolière de 2,2 millions de barils par jour jusqu’à fin septembre 2024, et ce, en suivant des plans pour supprimer de manière progressive cette réduction sur une base mensuelle jusqu’à la fin septembre 2025. Suivant l’évolution de la situation, les membres de l’OPEP+ réunis jeudi ont indiqué qu’une hausse de la production pourrait être suspendue si nécessaire.
Le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui a pris part à cette réunion, a déclaré à son issue que la demande de pétrole, contrairement à certaines analyses, devrait reprendre sa tendance haussière au cours des prochaines semaines, ce qui mettra un terme aux incertitudes actuelles pesant sur le marché.
Selon M. Arkab, les pays membres du JMMC «restent extrêmement vigilants quant à l’évolution du marché pétrolier international à court terme». Il affirme que «les incertitudes qui pèsent sur les fondamentaux du marché ne sont pas de nature à perdurer plus longuement, dans la mesure où le marché demeure convenablement approvisionné et que la demande de pétrole devrait s’inscrire dans une tendance haussière plus soutenue au cours des prochaines semaines».
M. Arkab estime que «la volatilité observée depuis plusieurs semaines sur les marchés s’explique principalement par une conjoncture économique mondiale incertaine en raison d’un affaiblissement des perspectives de croissance dans les pays industrialisés et dans les économies émergentes, ce qui a conduit à un ralentissement plus prononcé de la demande mondiale de pétrole».
L’offre et la demande en équilibre
Le vice-Premier ministre russe, Alexandre Novak, précise de son côté que le niveau «actuel des prix du pétrole était confortable pour la Russie et son budget et pour les autres acteurs du marché… L’offre et la demande restent en équilibre». M. Novak souligne, en outre, qu’«à partir du quatrième trimestre, si l’équilibre entre l’offre et la demande est positif, une augmentation partielle de la production est possible».
Mais l’OPEP+ a encore quelques semaines avant octobre pour décider d’une hausse ou non de la production, et tout dépendra de la situation du marché et de l’impact des risques géopolitiques.
Hier, les cours affichaient une certaine stabilité après la hausse importante enregistrée mercredi dernier en réaction à l’assassinat du leader du mouvement Hamas, Ismaïl Haniyeh. Le comité JMMC, dont la prochaine réunion est fixée au 2 octobre prochain, souligne d’ailleurs, dans son communiqué, le maintien d’un contact permanent et d’un échange régulier des points de vue en étant attentif à tout développement qui pourrait avoir une incidence sur l’évolution des fondamentaux du marché.
Le JMMC «conserve le pouvoir de convoquer des réunions supplémentaires ou de demander une réunion ministérielle de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP, comme indiqué lors de la 37e ONOMM qui s’est tenue le 2 juin dernier», précise le même communiqué.
La 55e réunion du JMMC a par ailleurs examiné les données de production de pétrole brut de chacun des membres de l’alliance, en notant «la forte conformité globale des pays participants de l’OPEP+ à la déclaration de coopération DoC».
Le comité a pris note de «l’assurance donnée par la République d’Irak, la République du Kazakhstan et la Fédération de Russie lors de la réunion pour parvenir à une pleine conformité, et a salué la récente soumission de leurs plans de compensation pour les volumes surproduits depuis janvier 2024 au secrétariat de l’OPEP».
Il est utile de rappeler que l’alliance des producteurs de pétrole procède à la réduction de sa production d’un total de 5,86 millions de barils par jour, soit 5,7% de la demande mondiale, sur la base d’une série de mesures convenues depuis 2022 pour soutenir un équilibre du marché.
Le baril de Brent à près de 80 dollars
Les cours du pétrole se maintenaient hier, où le baril du Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre prenait 0,29%, à 79,75 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, gagnait 0,33%, à 76,56 dollars. Selon les observateurs du marché, les prix de l’or noir sont impactés par la conjoncture géopolitique : les investisseurs craignant une extension du conflit au Moyen-Orient aux pays voisins, même si l’approvisionnement en pétrole n’est pas encore affecté. Le Brent oscille autour du seuil symbolique des 80 dollars le baril. «Jusqu’à présent, l’offre de pétrole (venant de la région) n’a pas changé et, dans ce contexte, les marchés ont supprimé une partie de la prime de risque», expliquent des analystes.