Le gouvernement de transition au Mali, issu du coup d’Etat mené par les militaires en 2020, exige le retrait total de la mission de l’ONU dans le pays (Minusma) avant la fin de l’année en cours.
Il refuse ainsi toute prorogation du délai fixé au 31 décembre prochain pour l’évacuation des représentants onusiens, au moment où les Nations unies évoquent un risque de retarder cette opération en raison de tensions dans le nord du Mali, suscité notamment par la reprise des combats entre l’armée malienne et les rebelles de l’Azawad.
«Le gouvernement n’envisage pas d’extension de ce délai. Donc tout doit être fait pour que le travail de la Minusma puisse être clôturé au 31 décembre», déclare le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dans une vidéo diffusée samedi soir sur les réseaux sociaux.
Ces propos ont été tenus, vendredi dernier, lors d’une rencontre avec le corps diplomatique à Bamako. Le ministre malien souligne, dans la foulée, «l’importance que le gouvernement attache au respect du calendrier de retrait du 31 décembre 2023».Cette déclaration sonne comme un ordre à la mission onusienne de quitter le pays conformément au calendrier fixé.
Pour sa part, l’ONU avait exprimé, samedi, sa préoccupation devant l’escalade militaire dans le nord du Mali et les difficultés causées, selon elle, par la junte au pouvoir, au retrait en cours de la Minusma. «Ces entraves sont susceptibles de remettre en question le calendrier de départ des Casques bleus», estime l’instance onusienne.
L’ONU s’est alarmée également de ne pas avoir reçu des autorités maliennes les autorisations pour le déplacement de convois logistiques au départ de Gao, nécessaires au retrait. Ce qu’a confirmé à demi-mot le ministre malien, qui a reconnu l’existence de demandes en ce sens de la part de la Minusma ainsi que pour des autorisations de vol. «Nous sommes en train de travailler pour pouvoir trouver des solutions», dit-il.
Pour rappel, le départ annoncé de la Minusma des camps qu’elle occupait a exacerbé les rivalités pour le contrôle du territoire entre acteurs armés présents dans le Nord. Plusieurs régions du nord du Mali, notamment Tessalit, Aguelhok et Kidal, ont connu d’intenses combats ces dernières semaines, opposant les groupes rebelles de l’Azawad et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) à l’armée malienne, soutenue par les milices de Wagner.
Cette confrontation risque de s’aggraver dans les prochaines semaines avec l’évacuation programmée des camps de la Minusma. Selon plusieurs agences de presse étrangères, une importante colonne de l’armée a pris la route en direction de Kidal.
L’enjeu, pour les autorités maliennes est de récupérer les camps de la Minusma et d’empêcher la rébellion du Nord de les occuper. «Les forces maliennes doivent réoccuper toutes les emprises, en particulier les camps libérés par la Minusma», avait déclaré le ministre malien en se réclamant des textes onusiens sur les opérations de maintien de la paix.