Logement, un secteur-clé

06/12/2023 mis à jour: 00:42
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Des dizaines de milliers de citoyens sont suspendus aux listes des bénéficiaires de logements sociaux en cours d’affichage à travers les collectivités locales. Ces opérations d’attribution dont le succès populaire n’a jamais été démenti est l’un des éléments qui structurent la vie sociale depuis des dizaines d’années. C’est l’attente citoyenne numéro un et la préoccupation cardinale des pouvoirs publics et des assemblées élues. 

Le dispositif de sécurisation mis en place autour des lieux d’affichage des listes semble s’inscrire dans une époque qui aura vécu, tant les habitudes de vie et d’expression ont radicalement changé. Les listes en question sont en fait dématérialisées, accessibles sur le téléphone, et les éventuels mécontentements sont désormais digitalisés, de même que les réactions des autorités concernées sont numérisées et instantanées. 

Des expériences de gestion de ce dossier à travers le web, présentement menées, méritent d’être soulignées, encouragées et appelées à faire école. L’évolution est significative. L’on est passé des clameurs devant les édifices publics à la transcription de la doléance sur le portail électronique ou la «page» des assemblées locales sur les réseaux sociaux. Le citoyen est ainsi invité en temps réel à se rapprocher, muni des pièces nécessaires, des services communaux, de daïra ou de wilaya. 
 

Dans ses aspects et son environnement bien matériels, le logement commande la mise à disposition des commodités de base et des équipements collectifs pouvant permettre aux résidents une vie quotidienne harmonieuse. La procédure de livraison ne peut pas s’arrêter à la présentation d’une façade bien ciselée et à la remise des clés lors de laborieuses cérémonies. Du stade de «Un toit, une famille», il faudra parvenir à la phase aboutie des programmes d’habitat : «Des logements, une ville.» Une cité de 1500 logements, c'est 10 000 habitants, soit la taille de deux communes moyennes en zone rurale. 

Les directives gouvernementales datant de près d’une année et relatives à l’exigence de la réalisation des équipements publics avant toute livraison des logements ont été actées par l’opinion publique. Mais celle-ci est consciente du décalage persistant entre les annonces officielles et la réalité du terrain. 
 

L’accès au logement est souvent trop longtemps attendu pour le décliner le moment venu en raison des lacunes à l’intérieur ou autour des habitations. Soumises à la sollicitation grandissante des souscripteurs et des bénéficiaires potentiels, les autorités locales se résolvent de leur côté à formaliser les attributions quand des chantiers entiers sont en attente de lancement ou d’accélération dans les nouvelles cités. Parfois, c’est le problème épineux de l’alimentation en eau potable qui demeure non résolu. Il renvoie à d’autres défaillances dans la livraison des ouvrages hydrauliques et de transfert des eaux. 
 

Le paradoxe est spectaculaire quand des citoyens réclament instamment, en plus des indemnisations, leur relogement dans des cités neuves avant de libérer le chantier d’un barrage, lequel est destiné à alimenter en eau tout un programme de logements, dont les leurs. Les intervenants les moins visibles dans ce secteur névralgique sont sans doute les chefs d’entreprise de réalisation, en dépit de leur rôle déterminant dans la mise en œuvre des programmes tracés par les autorités. 

Ils n’apparaissent que lorsqu’ils sont vertement tancés par les walis lors des sorties sur les chantiers, une autre facette de l’ancien mode de gestion devant être largement dépassée. Le soutien et l’accompagnement de ces entreprises est le seul moyen d’établir la jonction entre la mobilisation des financements des grands projets sectoriels et l’amélioration des conditions de vie de la population.

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