La réalisation de l’objectif de 15 milliards de dollars d’ici quelques années reste tributaire de la stratégie à mettre en œuvre pour diversifier l’offre exportable. Autrement dit, concentrer l’effort sur la simplification des procédures d’investissement dans les secteurs dont le potentiel est important.
Lors de sa rencontre avec les représentants de la communauté nationale établie au Qatar, en marge de sa visite d’Etat, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affiché les ambitions de l’Algérie concernant les exportations hors hydrocarbures (HH). Précisant que ces exportations ont atteint 4,8 milliards de dollars en 2021, le chef de l’Etat a souligné que l’objectif étant d’atteindre 7 milliards de dollars cette année et 15 milliards dans les années à venir. Il s’agit, selon Abdelmadjid Tebboune, de «s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures».
L’objectif est-il réalisable ? La question s’impose connaissant la faible diversification de l’économie nationale et plus précisément de l’offre exportable. En effet, la structure des exportations HH en 2021 montre que le montant de 4,8 milliards de dollars a été réalisé via six exportateurs seulement, dans la sidérurgie et la pétrochimie essentiellement.
Le premier secteur a contribué avec 1 milliard de dollars, alors que l’apport du deuxième est de 2,6 milliards de dollars (l’exemple des engrais minéraux et chimiques azotés). Une participation rendue possible à travers les investissements consentis ces 15 dernières années dans ces secteurs, avec notamment des partenaires étrangers. La part des exportations HH pour le sucre notamment était de 400 millions de dollars.
L’agriculture n’a généré que 100 millions de dollars d’exportations HH, dont 72% reviennent aux dattes et 20% aux dérivés du caroube. Là aussi, les opérateurs ne sont pas nombreux.
C’est dire l’effort à faire pour augmenter la part des exportations HH et l’élargir à d’autres secteurs puisque actuellement 50% de ces exportations dépendent des prix du baril. Lesquels sont en augmentation. Ce qui pourrait porter les exportations HH cette année à plus de 6 milliards de dollars. Mais, pour la suite, difficile de faire des prévisions.
Cela pour dire qu’au-delà de la dépendance vis-à-vis des prix du pétrole, la réalisation de l’objectif de 15 milliards de dollars d’ici quelques années reste tributaire de la stratégie à mettre en œuvre pour assainir d’abord le climat des affaires. «Il y a lieu d’orienter le travail vers la diversification de l’offre exportable. Autrement dit, la facilitation de l’acte d’investir», nous dit à ce sujet Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal).
Et d’ajouter : «Il y a encore des choses à faire sur ce plan, mais aussi pour appuyer les exportateurs.» «Il faut se mettre aux standards internationaux. Nous sommes au début du processus et c’est maintenant que les exportateurs ont besoin d’aide», souligne-t-il encore.
Une aide à travers l’assouplissement de la réglementation des changes, la dépénalisation de l’acte de gestion et l’internationalisation des entreprises. «On n’a pas compris que la présence des entreprises à l’international est un levier de croissance important», regrette Ali Bey Nasri.
Ce sont en somme les attentes des exportateurs qui tardent à être prises en charge, même si les promesses ne manquent pas concernant l’appui aux secteurs productifs disposant de capacités en matière d’exportation. Le chef de l’Etat a d’ailleurs souligné l’engagement des pouvoirs publics à simplifier et à améliorer le climat des investissements. De même qu’il a rappelé ses instructions quant à l’ouverture du champ des investissements à la diaspora dans tous les domaines en Algérie.