L’investissement en amont

28/11/2023 mis à jour: 23:14
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Lors de sa récente visite de travail dans la wilaya de Tizi Ouzou, le ministre de l’Energie et des Mines a annoncé un projet d’exploitation d’une mine de feldspath, actuellement en phase d’étude préliminaire. M. Arkab a souligné la «présence de ce minéral dans nombre de régions du pays, et la mine la plus importante en termes de capacités est celle de Tizi Ouzou». 

«En dépit de cette richesse, nous continuons à importer cette ressource minière de l’étranger», a relevé le ministre. Cette annonce officielle dans ce créneau précis, entrant dans l’industrie céramique, pose toute la problématique de l’investissement et de la relance du développement. En plus de son caractère économique, elle revêt une dimension sociale et psychologique. Il s’agit de prendre conscience du niveau d’activité réelle dans une région avec un bassin de population aussi important, de ce qui est actuellement en cours et ce qui reste à entreprendre. 

Des complexes industriels, à l’image de celui de l’électroménager, souvent appelé patrimoine ou joyau de l’industrie nationale, sont en activité réduite ou quasi nulle pour des raisons qui sont rarement nommées ou désignées avec précision. En fait de manque de «matière première», c’est la cessation de l’importation, pour des raisons financières ou réglementaires, des kits CKD/SKD qui est en cause. Le challenge aujourd’hui est de dépasser le cap de l’assemblage partiel ou total et de s’engager de plain-pied dans l’ère véritable de l’investissement et de la production, en dépassant résolument leurs faux-semblants.

Les ressources humaines qualifiées sont disponibles pour conduire des projets dans leurs phases d’étude de faisabilité, d’impact sur l’environnement et du marché local et international. Il y a par ailleurs un fort investissement à mener en amont, au sein de l’administration, à débureaucratiser urgemment, et la société en général, à mettre en symbiose avec des perspectives nouvelles.

 Le débat ne fait que commencer, mais les protagonistes ne se bousculent pas. Nombre de projets, de tous les secteurs d’activité, lancés ces vingt dernières années à la faveur de la mémorable embellie financière, ont connu localement des blocages inattendus, et les chantiers mis à l’arrêt dès leur installation. Insuffisamment mûris et expliqués pour qu’ils soient adoptés et encouragés, des programmes de développement d’importance, liés à l’extension et la modernisation des transports, aux routes et à l’hydraulique, ont été voués à des ajournements extrêmement dommageables pour la collectivité. Les canaux de communication sont les plus simples à établir, mais l’initiative devant être un préalable n’est généralement engagée qu’après une décennie de stand-by et de déshérence sur les chantiers. 

En occultant cette case du dialogue et de la concertation, c’est tout le dispositif de relance et l’objectif tant réitéré de la création de richesse et d’emplois qui se trouvent compromis. L’administration locale doit se réinventer et se réapproprier ses missions de maître d’ouvrage, en réduisant la part des activités annexes sans impact concret sur le sort des administrés, tandis que les élus locaux ainsi que les membres du Parlement sont attendus sur un terrain moins exposé aux feux de la rampe mais porteur de promesses d’un avenir meilleur pour la population locale sur le double plan économique et social. 

En matière d’action et de réflexion à ce sujet, l’Observatoire national de la société civile engrange une réelle et notable avance. Son premier responsable a plaidé ces derniers jours en faveur d’une démarche qui amène la société civile à se transcender et à assumer un rôle d’acteur du développement. 

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