L’innovation et les paradigmes du passé

03/06/2023 mis à jour: 07:49
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Le syndrome des vases non communicants continue de sévir dans de nombreux secteurs, desquels il est pourtant attendu l’amorce d’un développement mettant en symbiose les énergies et notamment les idées. 

Des projets portant une véritable ambition et un encouragement à l’innovation s’esquissent régulièrement au sein des instances centrales, mais enregistrent un très faible retentissement au niveau local. La machine se trouve alors grippée à toutes les saisons de l’année, et ce qui était conçu comme une dynamique à fort impact dans la société retombe dans un cercle quasi confidentiel. 

La situation est d’autant plus incompréhensible quand les dispositifs mis en place au niveau des centres de décision coïncident avec des initiatives déjà existantes à la base mais, en l’absence d’un lien ou de structures intermédiaires, les dossiers ouverts se referment aussitôt avec un bilan réduit à sa plus simple expression, sinon inexistant. Avec l’agriculture, le tourisme est le secteur sur lequel pèsent les espoirs d’un redémarrage économique dans le pays. Les potentialités naturelles sont mondialement connues et reconnues et les opérateurs dans l’industrie touristique ont conscience que les angoisses du monde contemporain sont moins pénibles à vivre sous le soleil de la rive sud de la Méditerranée. 

C’est dans ce contexte fort favorable pour notre pays que le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, en partenariat avec la délégation de l’Union européenne en Algérie, a lancé la 2e édition d’un prix destiné «aux jeunes porteurs d’idées et de projets innovants dans le domaine touristique». Les objectifs de ce programme, tels que formulés mardi lors de la cérémonie de lancement, traduisent un grand sens des réalités, celles du développement des collectivités locales et, partant, de tout le pays : «Promouvoir la gouvernance touristique locale, mobiliser les jeunes pour devenir des acteurs du développement, créer de nouvelles activités selon les spécificités de chaque wilaya». En clair, donner une visibilité et un prolongement concret à ce qui existe à l’état embryonnaire. 

Dans la wilaya de Tizi Ouzou, des villages sont aménagés et transformés en destinations touristiques susceptibles de figurer dans des circuits pour des visiteurs de tous horizons. Pour mettre en activité ce potentiel dormant et engranger les premiers effets sur le plan économique, il faudrait évoluer dans un écosystème dédié à ce créneau et piloté par une administration qui aura rompu avec toutes les lourdeurs et les scories du passé. Il y a comme un hiatus, une disjonction dans cet ensemble qui a pourtant comme vocation de générer de l’activité et de la croissance. Une dispersion des énergies est constatée dans les rouages de l’administration censée accompagner les initiatives naissantes et les projets innovants. 

L’externalisation de certaines activités sans lien direct avec la mission première est une véritable exigence. Pour retrouver sur les sites et les réseaux l’espace réservé au prix des jeunes porteurs de projets dans le tourisme, il faut compulser plusieurs activités annexes, qui mobilisent du personnel de ce secteur, comme l’encadrement du hadj au niveau central et, localement, la lutte contre les intoxications alimentaires pendant la saison estivale. 

En matière de promotion du tourisme, il faudra sans doute commencer par faire prévaloir l’architecture et la culture sur l’inquiétude sanitaire qui incombe à un autre secteur.

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