L’importation du matériel informatique et des Smartphones surtaxée : Coup dur pour la numérisation

10/02/2022 mis à jour: 06:38
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Photo : D. R.

Le cumul des taxes et impôts appliqués à l’«importation» des téléphones portables et tablettes est de l’ordre de 133%, donc une valeur plus importante que le prix du produit lui-même, les composants des micro-ordinateurs sont taxés à hauteur de 60%. Plusieurs intervenants dans le secteur n’ont cessé, depuis quelques années déjà, d’évoquer cette surtaxation qui ne va pas de pair avec la volonté exprimée d’aller vers cette économie de la connaissance ou du numérique.

Un courrier qui remet encore une fois sur la table le débat autour de ce qui est considéré comme une sur-taxation du matériel en relation avec le secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC). La nouvelle disposition contenue dans la loi de finances 2022, relative à l’achat de produits de l’étranger et acheminés via colis postaux, fait polémique. La Direction générale des impôts (DGI) a adressé, à cet effet, une note explicative à l’Inspection générale des colis postaux dans laquelle il est fait mention de certains produits et des taux qui leur sont appliqués désormais.

Un courrier qui remet encore une fois sur la table le débat autour de ce qui est considéré comme une surtaxation du matériel en relation avec le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). L’on apprend par exemple que le cumul des taxes et impôts appliqué à l’«importation» des téléphones portables et tablettes est de l’ordre de 133%, donc une valeur plus importante que le prix du produit lui-même.

Par ailleurs, les composants des micro-ordinateurs (disques durs, cartes mères, cartes son, cartes graphiques…) sont taxés à hauteur de 60%. Des taux qui, bien entendu, font grimper les prix de ce matériel, ceci, à un moment où le discours officiel fait la promotion de l’économie du numérique en misant, entre autres, sur les start-up, auxquelles a été dédié un ministère délégué.

A ces taxes, se sont ajoutés d’autres paramètres, tels que la dévaluation du dinar ou la hausse des prix du fret aérien et maritime qui ont eu des conséquences sur les prix de ces produits sur le marché. D’ailleurs, c’est en raison de la cherté du «neuf» qu’il y a de plus en plus de matériel «d’occasion» qui est proposé dans les magasins, notamment dans la capitale. Bien entendu, ce fait n’est pas nouveau, puisque plusieurs intervenants dans le secteur n’ont cessé, depuis quelques années déjà, d’évoquer cette surtaxation qui ne va pas de pair avec la volonté exprimée d’aller vers cette économie de la connaissance ou du numérique.

«Il y a lieu de revoir à la baisse les taux de taxation actuels en droits et taxes appliqués aux ordinateurs personnels et d’autres équipements informatiques essentiels (switch et routeurs, serveurs, etc.) qui se trouvent actuellement à un niveau excessif, rendant ainsi l’accès à un outil aussi essentiel que l’ordinateur impossible pour la plus grande frange de la population», a déclaré Tadjeddine Bachir, président du Groupement des acteurs algériens du numérique (GAAN), dans un entretien accordé à El Watan.

Qu’est devenu « Ousratic » ?

Ayant lancé, depuis le début des années 2000, plusieurs opérations allant dans le sens de la généralisation de l’usage des TIC, le projet «Ousratic : un PC par foyer» en est un exemple, les autorités ont, tout en exprimant toujours la volonté d’aller vers une plus grande numérisation et digitalisation, pris des mesures, notamment celles relatives à la taxation, qui ne feront probablement que freiner l’élan. Le matériel informatique coûte de plus en plus cher.

C’est l’une des raisons pour lesquelles, par exemple, l’école algérienne n’a pas pu adopter le système d’enseignement à distance, lorsque les établissements sont fermés pour cause de propagation de Covid-19, comme cela s’est fait dans plusieurs pays à travers le monde. En plus des problèmes liés à la connexion internet, il n’est pas évident que toutes les familles algériennes disposent du matériel nécessaire.

A l’ère du numérique, et dans l’optique de promouvoir son usage, il est, pour le moins, inexplicable qu’un utilisateur s’acquitte d’une taxe d’une valeur presque égale, ou même supérieure dans le cas des téléphones mobiles et tablettes, au prix du produit lui-même. Plusieurs personnes ont diffusé, hier, des exemples des taxes qu’ils ont payées, ces tout derniers jours, sur du matériel qu’ils ont commandé à l’étranger où il est question, par exemple, d’un taux de 70% appliqué sur un PC.

Il est à noter, en dernier lieu, que l’article 138 de la loi de finances (LF-2022) a fixé «la valeur des marchandises contenues dans des colis envoyés à leurs destinataires par la poste aux lettres, par colis postaux ou par les opérateurs du fret express» à 10 000 DA. Donc, au-delà de cette valeur, l’acheteur doit s’acquitter des taxes prévues par la loi. Le matériel informatique ainsi que les smartphones, et leurs accessoires, représentent une part importante de ces produits achetés sur le Net et acheminés via colis postaux. 

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