La culture du colza connaît cette année des obstacles. En effet, après la polémique liée à la qualité de la semence importée d’Espagne, dont les conclusions de l’inspection ministérielle de la tutelle ont affiché un démenti formel, un autre problème, et pas des moindres, pointe déjà le bout du nez.
Après avoir emblavé 13 000 hectares cette année, contre 3000 ha la saison dernière, les agriculteurs qui ont entamé la moisson du colza ne savent pas où la déposer.
«Les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) chez qui nous déposions cette céréale destinée à la transformation ainsi que la semence n’ont pas encore donné leur accord pour accueillir les récoltes des fellahs ayant semé cette saison le colza», se plaignent des agriculteurs privés et des fermes pilotes. Qui est derrière ce blocage, sachant que la culture du colza est un programme quinquennal national qui s’étend de 2020 à 2024, mis en place par le ministère de l’Agriculture et soutenu par le président de la République ? Du côté de l’administration de la CCLS, l’on affirme qu’aucun transformateur n’a affiché son intérêt pour la récolte de cette année et que sa tutelle ne l’a pas encore instruit à l’effet de recevoir les récoltes du colza. «Il y a une contradiction flagrante.
D’un côté, la culture du colza est considérée comme un programme soutenu personnellement par le président de la République dans le but de limiter l’importation en devises fortes des oléagineuses pour leur transformation en Algérie. De l’autre, les CCLS, qui ont vendu aux fellahs la semence du colza au début de la saison et loué leurs moissonneuses pour la récolte, n’ont pas eu encore l’accord de la direction générale pour ouvrir les dépôts et recevoir les récoltes du colza.
Ce qui représente un risque pour la qualité de la graine en l’absence d’une bonne conservation. Pire, jusqu’à hier, aucune convention avec des transformateurs n’a été signée avec les CCLS. Quel sera, alors, le sort des récoltes du colza cette année, sachant que la superficie emblavée est pratiquement quatre fois plus importante que l’année dernière», fulmine Nadir Ahcene Djaballah, le président de l’Association professionnelle pour l’orientation et la protection des fellahs (APOPF). Et de prévenir : «Après ces blocages administratifs, le colza ne sera certainement pas cultivé, la saison prochaine, par un nombre important d’agriculteurs.»
La saison 2020/2021, qui coïncidait avec la première expérience de la culture de colza avec l’emblavement de quelque 4000 ha, avait donné d’encourageants résultats avec une récolte globale de 13 935 quintaux de colza. On se souvient qu’il y a une année, l’ex-secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Salah Chouaki, avait annoncé cette performance : «La première expérience de la culture de colza, au titre de la saison agricole 2020-2021, a été couronnée de succès et a enregistré des résultats encourageants avec 13 935 q, dont 11 397 q de céréales destinées à la transformation, ainsi que 2538 q de semences qui sont stockées au niveau des Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS).»
L’année dernière, le groupe Simagro avait annoncé la signature de conventions entre tous les agriculteurs qui ont adhéré au programme. Il s’est engagé à acquérir et recevoir au niveau de ses unités toute la récolte destinée à la transformation. Les agriculteurs d’hier et d’aujourd’hui, engagés dans la production de colza cette saison, attendent toujours une issue heureuse à leur problème. Le cas échéant, beaucoup d’entre eux vont vendre leurs récoltes aux Tunisiens, très intéressés par cette céréale oléagineuse.