Censés croupir en prison, les tueurs du journaliste saoudien Jamal Khashoggi couleraient des jours paisibles dans un luxueux complexe. L’indifférence des chancelleries occidentales illustre un double langage, selon le chercheur Fayçal Jalloul.
Qu’est-il arrivé aux dépeceurs du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, sauvagement assassiné dans le consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul en octobre 2018 ? Après avoir nié le crime, puis avancé plusieurs versions contradictoires, les autorités de Riyad ont affirmé que les bourreaux étaient des agents saoudiens ayant agi seuls et de leur propre initiative.
En 2019, à l’issue d’un procès en Arabie Saoudite, cinq d’entre eux ont été condamnés à mort et trois autres ont écopé de peines de prison.
Les peines capitales avaient par la suite été commuées en détention à perpétuité. Le 30 décembre, le quotidien britannique The Guardian révèle qu’au moins trois membres du tristement célèbre commando vivent et travaillent dans des «logements sept étoiles» à l’intérieur d’un complexe de sécurité géré par le gouvernement saoudien, selon une source liée à des membres haut placés des services de renseignements saoudiens.
«Imaginons qu’un autre régime fasse la même chose». D’après cette source, les hommes y mènent en toute quiétude une vie épanouie. Divers visiteurs, dont des membres de leurs familles, les y rejoignent fréquemment, ainsi que des traiteurs, des jardiniers, des techniciens et tout le personnel nécessaire au maintien d’un train de vie confortable.
En définitive, ni les dirigeants saoudiens ni les bourreaux aux ordres n’ont été sanctionnés pour l’assassinat du contributeur au Washington Post.
«Leur présence apparente dans une enceinte moderne et bien équipée des services de renseignements, où ils jouissent d’une grande liberté de mouvement, est en contradiction flagrante avec les assurances données par la Cour royale saoudienne selon lesquelles les auteurs de ces actes seraient sévèrement punis», résume le journal d’outre-Manche.